Bâti dans un écrin de verdure, le monastère de Tibhirine, situé à plus de 1000 m d'altitude, domine une plaine verdoyante enserrée entre la montagne de Tamesguida et le mont blidéen et les nombreux écoulements d'eau serpentant jusqu'au confluent de l'oued Chiffa. Chaque semaine, le monastère est la destination de groupes de visiteurs qui, venant de la région Centre, qui venant de régions lointaines dans le but de découvrir l'endroit et d'essayer de se faire une meilleure idée sur la communauté des moines qui ont donné vie à l'endroit depuis sa création, à la première moitié du siècle dernier. Il faut dire que l'esprit des moines enlevés et assassinés en 1996 continue de planer sur les lieux qui, de prime abord, donnent une impression d'abandon, mais vite démentie par les nombreux signes de travaux de jardinage et d'entretien des vergers fleuris, du bon état des sentiers, de la source d'eau et du cimetière. Pour une présence continue, une permanence est assurée par Jean-Marie Lassausse qui est prêtre et ingénieur agronome, chargé en même temps de la sécurité du monastère depuis 2001, expliquera le frère Patrick Morvan, guide désigné du monastère. Selon ce dernier, les premiers moines sont arrivés en 1843 pour y vivre et s'engager à y mourir comme l'ont été les moines assassinés qui ont tenu à rester ici malgré le risque. "Après hésitation et prières, ils ont décidé de ne pas partir par fidélité à la population. Comme des milliers de musulmans et 19 chrétiens assassinés pendant la décennie noire. Les têtes des moines assassinés sont enterrées dans le petit cimetière du monastère, sans les corps qui n'ont toujours pas été retrouvés. Le message des moines continuera de fleurir dans les cœurs de tous." Dans la petite salle d'exposition, le visiteur pourra trouver des objets de stockage des récoltes, des outils de travail et de jardinage d'époque, des photos montrant les pèlerinages des diocésains et les différentes prières qui ont lieu dans la journée ainsi que les psaumes, le premier dispensaire créé en 1947, et des photos du frère Luc, appelé Frelou, médecin très connu dans la région. La propriété qui s'étend sur une superficie d'environ 15 ha où poussent 2500 arbres fruitiers et où existent de nombreuses ruches et des eaux provenant de la source située en amont et une variété de flore naturelle qui donnent à l'endroit une vue printanière enchanteresse. Le frère Patrick Morvan, qui ne se lasse pas d'accueillir les groupes de visiteurs, fera la visite guidée du monastère à un groupe de personnes, leur apprenant que la propriété du monastère s'étendait à l'origine sur une superficie de 375 ha, mais à la suite de plusieurs dons après 1962, il n'en a gardé qu'environ 15 ha. M. EL BEY