Désormais, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a la voie libre pour mettre en place le système présidentiel qui renforce ses pouvoirs. En effet, la présentation hier par le nouveau Premier ministre, Binali Yildirim d'un gouvernement composé, sans surprise, de fidèles du président lui facilite l'accomplissement de sa tâche. "Notre chemin et notre cause sont les tiens", a lancé M. Yildirim lors d'un discours au Parlement sous les ovations devant les députés de l'AKP, largement majoritaire dans l'hémicycle, s'adressant ainsi à Tayyip Erdogan, "notre leader". Et d'ajouter sans détours que "les travaux pour changer la Constitution actuelle et passer à un système présidentiel seront relancés dans les plus brefs délais". Face à cette situation, l'opposant Devlet Bahçeli n'a pas caché, dans des déclarations rapportées par l'agence Reuters, ses craintes de voir la Turquie se transformer en dictature. Il affirme s'opposer à l'application du système présidentiel estimant que cela conduirait à la fin du parcours à la dictature, ce qui coûterait cher au pays sur le long terme. Par ailleurs, l'ambition du chef de l'Etat turc de présidentialiser le régime ne suscite pas seulement des inquiétudes en Turquie, mais également en dehors. Ainsi, la chancelière allemande Angela Merkel a exprimé lundi sa "profonde préoccupation" après la levée de l'immunité parlementaire de nombreux députés pro-Kurdes, qui sont exposés à des poursuites judiciaires. Ceci étant, Erdogan a approuvé la nouvelle équipe ministérielle où la plupart des poids lourds du précédent gouvernement gardent leur poste, comme Mevlüt Cavusoglu aux Affaires étrangères et Mehmet Simsek, qui conserve le portefeuille de vice-Premier ministre chargé de l'Economie. Le principal changement réside dans l'arrivée d'Ömer Celik, porte-parole du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), aux Affaires européennes, remplaçant Volkan Bozkir, un diplomate de carrière qui avait négocié un accord controversé signé le 18 mars avec l'Union européenne pour juguler le flux migratoire vers l'Europe. Perçu comme un fidèle allié d'Erdogan, Binali Yildirim s'est engagé à œuvrer à l'introduction d'un régime présidentiel que le chef de l'Etat appelle de ses vœux. Berat Albayrak, gendre et protégé de Recep Tayyip Erdogan, conserve son portefeuille de l'Energie dans la nouvelle équipe gouvernementale, alors que les commentateurs s'attendaient à ce qu'il soit promu. M. T./Agences