Les Etats-Unis ont donné leur accord quant à l'accélération des négociations. La réorganisation du tissu commercial au double plan réglementaire et technique est appelée à connaître un nouveau souffle, selon M. Boukrouh, ministre du Commerce. Après la loi sur les zones franches, fraîchement approuvée, il annoncera la finalisation d'un avant-projet de loi sur le commerce extérieur qui sera “soumis, dans une première phase, à une large concertation avec les opérateurs avant sa présentation au gouvernement”. Il rappellera, au cours de la soirée-débat organisée par le club Excellence Management de l'ISG, mercredi dernier au Sheraton, en présence d'un bon nombre d'opérateurs et de représentants diplomatiques en Algérie, que son département est en pleine mutation, laquelle est dictée par la nécessité d'adaptation aux règles d'une économie de marché. De nouvelles structures centrales devront donc bientôt voir le jour. Il s'agit, entre autres, de la répression des fraudes et de la concurrence, déclare-t-il. Revenant sur le débat autour du processus d'intégration au système économique mondial, M. Boukrouh plaidera, dans son intervention, en faveur de l'accélération des négociations liées à l'adhésion à l'OMC et tentera même de démontrer qu'une telle option à double portée politique et économique garantirait un bien-être indiscutable pour le pays. “Il s'agit de servir les intérêts du pays”, explique-t-il, en signalant que “le processus a été réactivé ces 3 dernières années”, en faisant remarquer que “c'est dans cet objectif que l'Algérie vient de signer un accord de libre-échange avec l'AELE (Accord européen de libre-échange)”. À demi-mots, Boukrouh répondra aux résistances internes manifestées par les opérateurs nationaux, lesquels affichent des appréhensions certaines, tant la vulnérabilité de leur statut risque de compromettre leurs potentiels face à la concurrence étrangère. Il dira : “Contrairement à nos opérateurs, en Tunisie, ce sont les hommes d'affaires qui revendiquent et appuient les démarches d'association à des zones de libre-échange.” Il dira, dans son analyse, que la Tunisie commence à connaître de réelles performances à l'exportation, fruit de son adhésion à l'OMC. À ce titre, poursuit-il, le pays voisin exporte pour 10 milliards de dollars, dont plus de 70% de produits industriels, en faisant remarquer qu'il n'y a pas la moindre trace d'hydrocarbures dans ces recettes. Dans ce comparatif, il relèvera qu'en Algérie, le niveau des exportations hors hydrocarbures n'est que de 500 millions de dollars. L'argumentaire du ministre a, cependant, omis de faire le comparatif entre les deux pays à la veille de l'adhésion à l'OMC, en ce sens où il serait question à ce stade d'un autre débat sur la politique de mise à niveau en direction des entreprises domestiques et du “nettoyage réglementaire” dans l'ensemble de l'environnement économique. Or, en Algérie, plusieurs fronts sont ouverts, notamment les réformes liées au secteur financier et les privatisations avec tous les verrous subjectifs entravant l'acte d'investissement ou d'expansion qui reste sans aboutissement. Un processus d'assainissement non achevé qui ne s'arrête pas uniquement au département de Boukrouh, puisqu'il est censé se concentrer aux finances et aux autres départements ministériels, interpellés eux aussi par les préalables à la mondialisation. Suffit-il donc que les textes, voire le code de commerce relooké, soient conformes aux règles de l'OMC pour déclarer être enfin apte à la compétition internationale ? Boukrouh, en rappelant que dans 2 ans les effets de l'ouverture commenceront à se manifester, avec le démantèlement tarifaire, notamment pour les produits industriels qui afficheront zéro droits, de douane, déclare : “Adhérer à l'OMC signifie trouver un marché pour sa production.” Parlant des implications, il indiquera que ce sera une opportunité pour les consommateurs en termes de prix et de qualité, à la faveur du démantèlement tarifaire. Dans le détail, le ministre nous apprendra que sur 6 012 lignes tarifaires, 591 sont assorties de DAP (qui sera de 36% à partir de janvier avant son extinction en 2006), 105 sous-positions tarifaires sont à zéro droits de douane, 1 390 à 5%, 2 016, 15% et 2 501 à 30%. En somme, un tarif à trois taux. Il poursuivra :“On a ouvert 9 services sur 11 aux négociations”, et rappellera que les discussions vont s'accélérer “en continu”. Les Etats-Unis ont déjà donné leur accord. Le prochain round est prévu au courant du 1er trimestre 2003. A. W.