Au regard de l'accélération des événements, il est à pressentir une proche décantation au sein du FLN, et c'est connu qu'au sein de ce parti, appendice du pouvoir, les mouvements de redressement ne sortent jamais du néant. Le secrétaire général du Front de libération nationale, Amar Saâdani, ne s'est pas tiré d'affaire. Ses diatribes inexplicables dans lesquelles il s'est lancé contre Issad Rebrab, le général Toufik et Louisa Hanoune n'ont pas aidé à soigner son image auprès des militants et cadres du parti. Ses contestataires ne désarment d'ailleurs pas. Bien au contraire, ils reviennent à la charge plus que jamais déterminés à le destituer. En effet, en même temps que les rencontres de proximité qui se tiennent un peu partout à travers le pays, encadrées par d'anciens cadres du parti, les députés anti-Saâdani, apprend-on de bonne source, agissent au niveau du Parlement et s'affairent à se structurer. Ils ont tenu une réunion à huis clos avant-hier au siège de l'APN. Ils comptent apporter leur contribution au mouvement de redressement qui reprend du souffle à mesure que Saâdani perd le sien, s'affole et dénigre à tout-va. En effet, le front anti-Saâdani s'étend de plus en plus à l'ensemble des structures de l'ancien parti unique à travers l'ensemble du territoire. Ce mouvement de fronde, mené par au moins 110 anciens membres du comité central, instance suprême du parti entre deux congrès, et 86 parlementaires, apprend-on de source sûre, multiplie ses rencontres avec la base militante à travers plusieurs wilayas du pays. C'est ainsi que ces frondeurs ont procédé à l'installation d'une quinzaine de comités dans différentes wilayas, dont Oued Souf, région natale d'Amar Saâdani, Béchar, Tiaret, Biskra ou encore Khenchela. Des comités qu'ils comptent élargir à l'ensemble des 48 wilayas du pays avant de procéder à l'installation des comités communaux. Ces comités, nous explique notre source, auront pour mission de mobiliser la base militante autour du même et unique objectif : libérer le parti du diktat d'Amar Saâdani. "Par l'élargissement de notre action à l'ensemble de la base militante, nous œuvrons à libérer le parti, otage d'un clan restreint, d'une situation peu honorable qu'il traverse actuellement ; nous avons aussi la volonté de faire parvenir notre revendication au président effectif du FLN, en l'occurrence le président de la République Abdelaziz Bouteflika que nous sollicitons à intervenir dans les meilleurs délais pour mettre fin à cette mascarade, en aidant à renvoyer le secrétaire général du parti, Amar Saâdani", confie notre source, en soulignant, non sans soulagement, la forte adhésion des kasmas et autres mouhafdhas, démembrements régionaux et locaux du parti, au mouvement de redressement. Un mouvement, note la même source, qui s'est élargi de jour en jour depuis l'engagement, il y a quelques semaines, d'une série de rencontres à travers différentes wilayas du pays. Au regard de l'accélération des événements, il est à pressentir une proche décantation au sein du FLN, et c'est connu qu'au sein de ce parti, appendice du pouvoir, les mouvements de redressement ne sortent jamais du néant. Ils ont souvent été initiés et architecturés d'en haut. C'est dire que le soulèvement de la base militante qui se prépare est pour le moins annonciateur d'un changement à venir. L'approche des échéances électorales, notamment les législatives de 2017, aiguisent davantage l'appétit des uns et des autres au sein de l'ancien parti unique lequel, c'est presque une évidence, se sait généralement vainqueur avant même la tenue des scrutins...Notre source ne cache pas, d'ailleurs, cette intention de redistribuer les cartes à l'approche des législatives, sous prétexte de prémunir le pays des "dangers intérieurs et extérieurs". Afin de convaincre davantage les "décideurs", à leur tête le président de la République, pour "gommer" Amar Saâdani, qu'il avait lui-même parachuté à la faveur du coup de force d'un certain 29 août 2013, les redresseurs brandissent, par ailleurs, la carte de "réhabiliter la ligne politique authentique du FLN". Une ligne qui, selon eux, n'aura été que trop transgressée de la part d'Amar Saâdani, accusé d'adopter des positions "contradictoires" aux principes et aux statuts du parti. Pour eux, le FLN qu'ils ont porté depuis 1962, aura même cessé d'exister à partir de 2013, soit depuis l'intronisation à sa tête du même Amar Saâdani. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le bras de fer entre Saâdani et ses opposants est sérieusement réengagé. Farid Abdeladim