Un autre point sera discuté demain à la tripartite et qui n'est pas indissociable du modèle économique que M. Abdelmalek Sellal compte proposer lors de cette rencontre. Il s'agit de l'avant-projet de code du travail que l'UGTA a toujours évité d'évoquer par crainte de susciter le mécontentement de sa base qui, à maintes reprises, a jugé le document "régressif et répressif" à la fois. C'est pour cette raison que ce code, dont l'annonce de promulgation prévue en 2015, a été, plusieurs fois, repoussée au point que le ministre du Travail est allé jusqu'à reprocher à l'UGTA d'être à l'origine de son blocage. La réplique de Sidi-Saïd ne s'est pas fait attendre en affirmant, quelques jours plus tard, que l'UGTA est prête à soumettre ses propositions élaborées par ses quinze experts à la discussion. "Des experts et universitaires désignés par l'UGTA ont travaillé durant une année sur l'avant-projet de code du travail qui contient plus de 661 articles", avait-il précisé. Mais selon une source syndicale, l'UGTA ne voulait pas s'empresser de donner un accord sur cette mouture qui est loin de faire l'unanimité au sein de son secrétarait national. C'est pourquoi l'UGTA a insisté sur la création de sections syndicales et la mise en place de conventions d'entreprise dans le secteur privé avant de donner son accord sur une quelconque mouture du projet au risque de créer des tensions au niveau de la base. Et c'est dans cet esprit qu'une convention a été signée, il y a quelques mois, entre l'UGTA et quatre organisations patronales (FCE, UNI, Cipa et CNPA) ainsi que le ministère du Travail lors d'une mini-tripartite, pour la mise en place de conventions du travail et de sections syndicales au sein des entreprises privées. Mais à ce jour cette convention n'a connu aucune avancée d'où cette interrogation d'un autre syndicaliste : "À quoi bon promulguer un code du travail sans sections syndicales au sein du secteur privé qui se targue d'employer le plus de travailleurs dans le pays ?" Pour notre interlocuteur, promulguer un code du travail dans de telles conditions c'est mettre la charrue avant les bœufs, souligne-t-il en faisant allusion aux déclarations du FCE qui ne cesse de presser le gouvernement à promulguer ces nouveaux textes. "Le nouveau code du travail doit être adapté aux évolutions du marché du travail et à l'émergence de nouvelles technologies", a-t-il précisé. En clair, les patrons revendiquent plus de flexibilité alors que les syndicats demandent plus de sécurité de l'emploi. Entre les deux, le gouvernement, par le biais du ministre du Travail, tente de rassurer en disant que "les acquis ne seront pas touchés". Des propos qui ne tranquillisent pas pour autant les syndicalistes de la base qui brandissent les chiffres de cette "flexibilité" déjà en cours depuis des années et qui n'a rien changé à la compétitivité des entreprises ni à la stabilité des travailleurs. M. T.