Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a ouvertement accusé, hier, la France et le Maroc de soutenir le mouvement indépendantiste de Kabylie et celui autonomiste du M'zab, une entreprise surfant, selon lui, sur la problématique sécuritaire aux frontières et visant à déstabiliser l'Algérie. C'est en évoquant la question des défis sécuritaires qui se posent pour le pays que le patron du RND a bifurqué sur le sujet, ne lésinant pas sur les mots pour qualifier ceux qu'il qualifie de "mercenaires politiques". "En parlant de la sécurité et de la stabilité du pays, nous avons également à l'esprit les manœuvres subversives promues par certaines puissances étrangères revanchardes, exploitant quelques mercenaires politiques qui revendiquent aujourd'hui l'indépendance de la Kabylie ou l'autonomie du M'zab", a-t-il déclaré, à l'ouverture des travaux du premier conseil national de son parti, à Zéralda. Certes, ce n'est pas la première fois que le patron du RND s'en prend aux activistes du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, mais, jusque-là, il s'était contenté de formules vagues en ressassant la vieille recette du "complot ourdi de l'étranger". Et bien qu'il évite de désigner nommément les puissances qu'il considère comme les promoteurs des mouvements indépendantistes et autonomistes, il apparaît facile de les déceler dans les propos d'Ouyahia. "Les uns ne nous ont pas pardonné l'accès à l'Indépendance et les autres nous reprochent notre soutien au peuple sahraoui", accuse Ahmed Ouyahia, dans une allusion claire comme de l'eau de roche, respectivement, à la France et au Maroc. Dans la foulée, le SG du RND critique également l'utilisation de la tribune offerte par les Nations unies à l'expression des peuples autochtones à des fins, dit-il, de déstabilisation des Etats. M. Ouyahia qui, une fois n'est pas coutume, a relativement ménagé l'opposition, a plaidé pour l'avènement d'un consensus politique national, tout en appelant à la préservation d'un climat de sérénité qu'exige d'ailleurs l'opinion nationale. "La prise en charge des défis nationaux que je viens d'évoquer nécessite un consensus national, ou, à tout le moins de la sérénité dans le pays", a-t-il soutenu. Mais, dans le même temps, le SG du RND n'hésite pas à hausser le ton pour affirmer, dans un message pas très évident à décoder, que son parti, "n'acceptera jamais que l'Etat soit outragé dans l'impunité", estimant que "cela n'est dans l'intérêt de personne comme nous l'a enseigné un passé encore récent". C'est à cet effet que le patron du RND assure déplorer "l'agitation et les surenchères tapageuses qui, en définitive, profitent d'abord aux manœuvres internes ou externes qui ciblent les intérêts collectifs des Algériens". À défaut de solution "par la voie du dialogue", M. Ouyahia propose de faire confiance à la justice qui "arbitre tous les désaccords, et sanctionne toutes les violations de la loi". Ce qui permettra, d'après lui, de faire "l'économie des agitations et des surenchères qui alimentent l'inquiétude des citoyens". Evoquant la situation économique du pays, marquée, notamment par la baisse drastique des recettes pétrolières, le SG du RND a préconisé une accélération des réformes et un encouragement aux opérateurs nationaux publics et privés, tout en exprimant des réserves quant au recours à l'endettement extérieur qu'il a considéré comme "une solution de facilité". Pour M. Ouyahia, "cette crise financière nous invite aussi à encourager toutes les capacités productives dans le pays, pour offrir plus d'emplois à nos enfants et réduire la facture de nos importations laquelle sera de plus en plus insupportable". Le SG du RND a, faut-il le souligner, rendu hommage, au début de son intervention, à la presse nationale à qui il a souhaité la bienvenue, tout en exprimant, dans la foulée, sa "grande considération" ainsi que "l'attachement" de son parti à la liberté de la presse qui, soutient-il, "est inséparable du pluralisme politique". Enfin, l'orateur n'a pas manqué de tirer à boulets rouges sur ses détracteurs au sein du RND, qu'il a menacés de passage en conseil de discipline au niveau du parti s'ils persistaient dans leur démarche. Hamid Saïdani