"L'Algérie est mon ‘inné' et la France est mon ‘acquis'" a déclaré Arhab pour lequel la France se débat encore avec ses vieux démons. Face aux extrémismes, à l'intolérance, à la xénophobie et la crainte de l'autre, quatre personnes d'horizons et de parcours différents ont écrit en France un livre pour confronter leurs visions et tenter de se comprendre afin pouvoir vivre ensemble. Rachid Arhab, 60 ans, journaliste français de naissance algérienne, Xavier Driencourt, 60 ans, ancien ambassadeur de France en Algérie (2008-2012), Karim Bouhassoun, 35 ans, conseiller politique ayant acquis la nationalité algérienne, et Nacer Safer, 36 ans, émigré économique algérien sans-papier depuis de nombreuses années, ont coécrit Quatre nuances de France dans lequel ils ont essayé d'échanger sur les sujets qui divisent à l'intérieur de la société française mais aussi entre la France et l'Algérie, dans une tentative de proposer des solutions. Rachid Arhab, Xavier Driencourt et Karim Bouhassoun étaient jeudi à Oran, à l'initiative de l'Institut français, où ils sont venus faire la promotion de leur produit mais également pour débattre du contenu du livre. "L'Algérie est mon ‘inné' et la France est mon ‘acquis'" a déclaré Arhab pour lequel la France se débat encore avec ses vieux démons. "Quand je vois l'affaire Benzema, je me dis qu'on n'a pas encore réussi à s'en sortir", a-t-il encore dit en évoquant son parcours qui l'a amené, à 60 ans, à s'interroger sur la bi-nationalité. Rachid Arhab s'est également inquiété de voir qu'il n'y a pas encore de télévision franco-algérienne (projet sur lequel il dit travailler) alors que la France et l'Allemagne ont pu concevoir ARTE. Pour Xavier Driencourt, à l'origine de l'idée d'écrire un livre à plusieurs mains, à plusieurs sensibilités, Quatre nuances de France est également politique. "Nous avons fait un travail politique à travers un débat serein" a-t-il notamment déclaré en expliquant qu'il était devenu nécessaire dans une France où des sujets comme l'immigration, l'intégration, l'identité, la religion ou la laïcité étaient diabolisés. D'ailleurs, deux poids-lourds de la politique française, en l'occurrence Jean-Louis Debré et Jean Pierre Chevènement ont préfacé ce livre, ce qui lui confère un caractère éminemment politique. Enfin, Karim Bouhassoun, le benjamin du groupe, a insisté sur la responsabilité sociale des élites en France et en Algérie pour parvenir à dénouer les tensions qui empoisonnent les relations entre les deux pays. Karim Bouhassoun s'est dit très ému de se retrouver à Oran avec un passeport algérien, à l'endroit même où quelques années plus tôt, il était venu en tant que député français. S. Ould Ali