Le public du café littéraire de Béjaïa a eu droit, le week-end passé, à une rencontre émouvante. Et on a gardé le meilleur pour la fin : c'est la dernière rencontre du Café littéraire avant un repos mérité de ses animateurs, qui ont laborieusement entamé l'année en raison du manque de moyens financiers pour faire face aux dépenses inhérentes à ce rendez-vous littéraire, devenu incontournable. La particularité de cette fin de saison, c'est que l'invitée, Meriem Akroun, a présenté son dernier recueil de poèmes, Face à la mer, fraîchement sorti aux éditions Tira. Ce petit bout de femme a su établir un contact avec son public, ses nombreux lecteurs, et surtout transmettre sa joie de vivre, "perceptible et contagieuse", a affirmé Khaled Zirem, l'un des animateurs du Café littéraire de Béjaïa. Cette femme-courage, qui dit dans l'un de ses poèmes : "Ma chaise roulante / A pris la place de mes jambes / Et alors ? / Mon portable est devenu ma voix / Et alors ? / Je ris de ma maladie / Et alors ? / Je tourne en dérision ce qui est dérisoire / Et alors ? / Je veux ma place / Et pas plus dans cette société / Et alors ?" a littéralement secoué le cocotier. Le public était séduit au point que certains se sont mis à lire à tour de rôle des extraits de son recueil de poèmes sans s'en lasser. Dans sa préface à ces textes, Youcef Zirem, un autre poète qui vient d'éditer un nouveau roman, résume bien les écrits de cette poétesse : "Il y a beaucoup d'émotion et de magie heureuse dans les poèmes de Meriem Akroun. On ne se lasse pas de lire et relire ses écrits qui nous font voyager, qui nous guident vers ces territoires apaisés des questionnements salvateurs. L'harmonie et la profondeur des mots de Meriem Akroun sont un vrai délice ; chargés de sens et de puissance, ses mots deviennent des leçons de vie." En effet, des leçons de vie d'une femme qui ne baisse pas les bras - bien au contraire - et qui va de l'avant malgré tout ; une femme qui défie les entraves et les contraintes et arrive le plus souvent à ses fins : devenir, grâce à l'écriture, une fille libre et heureuse comme elle le dit dans l'un de ses écrits. Les thèmes développés par l'auteure dans ce recueil varient, allant de clins d'œil à des villes qu'elle aime : Annaba, Béjaïa et Constantine, à des hommages aux personnes qu'elle apprécie ou encore à ses émotions de la vie de tous les jours. L'Algérie, qu'elle dit aimer par-dessus, tout est aussi présente dans ses textes. Enfin, signalons que Face à la mer est le second opuscule publié par Akroun après Hymne à la vie, paru il y a déjà dix ans de cela. À signaler aussi que les animateurs de Bruit des mots, à leur tête l'artiste peintre Noureddine Saïdi, ont programmé une nuit du livre. La rencontre est prévue au niveau de la place de la liberté d'expression Saïd-Mekbel, en hommage à tous les journalistes assassinés par les hordes intégristes et la bêtise humaine. Au programme : échange de livres. Objectif : faire aimer la lecture à la jeune génération, comme l'avaient été celles qui l'avaient précédée. M. Ouyougoute