Dans un kabyle simple et des mots de tous les jours, Saâdi Kaci a relevé le défi de nous offrir une belle poésie. Quand on aime passionnément la poésie, on finit par devenir poète. Saâdi Kaci, un jeune poète originaire d'Ahl El Ksar (Bouira), fait partie de ceux qui ne s'arrêtent pas avant d'atteindre le bout de leur passion, de leur amour de la poésie. Un amour qui a donné naissance, en 2008, à un recueil de poésies, intitulé Imengar (les sans-descendance). Le recueil est composé de quinze poèmes. Le lecteur ne sera pas surpris, car tous ces poèmes ont été récités par l'auteur lors des festivals de poésie, entre 2003 et 2008, la période durant laquelle le poète Saâdi Kaci a participé aux différents concours. Le poète n'était pas sorti bredouille de ces concours de poésie, puisqu'il a été récompensé à plusieurs reprises. Pour ne citer que ceux-là, le prix de Si Mohand U M'hand de la poésie lui a été décerné en 2006, à Azeffoun, wilaya de Tizi Ouzou. Le poète a également décroché le Premier Prix de la poésie kabyle en 2008 à Béjaïa. Pourquoi une publication? «C'est pour faire sortir la langue de l'oralité», répond le poète. Ce passage de l'oral à l'écrit signifie énormément de choses pour Saâdi Kaci, fort convaincu, «qu'avec l'écriture on sauvegarde la langue de cette oralité qui devient de plus en plus menaçante», conclut-il. Cela explique aussi le choix du titre Imengar dont la signification reflète, à bien des égards, toute la préoccupation du jeune poète. En un mot, c'est pour ne pas devenir des Imengar que le recueil de poésies de Saâdi Kaci a été écrit. Au fil de ces quinze poèmes, le lecteur se retrouve très facilement. Avec un kabyle des plus simples et des mots que l'on utilise dans la vie de tous les jours, Saâdi Kaci, et ce, grâce à sa Muse fertile, a relevé le défi de nous offrir cette poésie. Quant aux thèmes développés par le poète, il y en a de tous les goûts. On trouve également celui de la politique comme dans le poème, Bbutit Fell-i (votez pour moi), sur l'identité, la femme D Tamettut (C'est la femme), et aussi la société berbère. Tout ce génie poétique vient tout simplement d'un attachement à la langue berbère et aux grands poètes, à l'image de Si Mohand U M'hand, Aït Menguellet, Slimane Azem. Ceux qui ont cultivé, leur vie durant, le verbe amazigh. Saâdi Kaci, dont le coeur ne bat que pour la langue amazighe, s'est abreuvé de cette grande mer poétique. Il aimait aussi Mahmud Darwish. Derrière ce visage de grand poète, se cache aussi une autre personnalité. Car Saâdi Kaci, en plus de la poésie, active dans le monde de la traduction. Enseignant d'un module de traduction au département de tamazight de Tizi Ouzou, Saâdi Kaci a participé à plusieurs travaux de traduction des langues arabe et française vers la langue berbère. En 2008, il a traduit du français au tamazight le livre Misère de Kabylie d'Albert Camus. Comme il a également travaillé dans la traduction du film Haïzia, où il a été doublure du premier rôle. Pour la télévision d'expression amazighe qui vient d'être lancée récemment, Saâdi Kaci a participé à la traduction de plusieurs films documentaires. Entre la poésie et la traduction, ou l'artistique et l'académique, Saâdi Kaci se voit beaucoup plus poète que traducteur. Imengar est un recueil que nous devons lire et relire.