Alors qu'ils n'étaient pas nombreux à croire en lui, Mohamed Bentiba doit certainement apprécier à sa juste valeur cette douce revanche sur le sort et sur ceux qui ont tout fait pour le chasser du MCO. Ou plutôt, qui n'ont rien fait pour le garder, "chez lui", au sein de son club formateur. Révélé au grand public en même temps que le prodige Youcef Belaïli et le surcoté Sid-Ahmed Aouedj, celui qu'une grande partie des clubs de l'élite nationale convoite en cet été 2016 n'a, pourtant, pas eu un parcours des plus faciles à accomplir. Devant batailler pour faire partie de l'attaque des Rouge et Blanc d'El-Hamri entre 2010 et 2013 que conduisait le maître offensif de l'époque, Youcef Belaïli, le frêle Bentiba était surtout considéré comme un joker de luxe. Même son statut d'international olympique aux côtés des mêmes Belaïli et Aouedj ne lui conférait pas un réel poids au sein du vestiaire mouloudéen au point qu'il lui arrivait souvent d'être gardé sur le banc de touche le week-end après avoir été pourtant titulaire, quelques jours auparavant, avec l'équipe nationale que drivait Azzedine Aït Djoudi. Ce manque de confiance et de reconnaissance de la part de ses entraîneurs et dirigeants au MCO l'a, d'ailleurs, poussé à faire un douloureux choix de carrière : quitter le Mouloudia pour le voisin de l'ASMO, beaucoup moins médiatisé et forcément moins bling-bling. Dans un club où la sérénité est le maître-mot, au sein d'une équipe composée de jeunes de son âge et de talentueux cadets qui montraient les dents à l'image du quatuor Boudoumi-Benkablia-Belalem-Tabti, le transfuge du MCO s'adapte rapidement au point de devenir l'un des chouchous du stade Habib-Bouakeul. Ses trois dernières saisons pleines, notamment celle de l'accession en Ligue 1 puis celle, la suivante, du joli parcours de l'ASMO de Djamel Benchadli parmi l'élite, lui vaudra une reconnaissance nationale pour sa technique bien au-dessus de la moyenne, sa déconcertante facilité dans le un contre un et son adresse devant les buts adverses. Ce n'était, de fait, guère une surprise de voir le CRB, la JSK et le MCO frapper à sa porte, ainsi qu'à celle de son père, Fethi, un haut cadre de l'administration et supporter invétéré du club d'El-Hamri. Et même si l'ASMO a tenté une dernière approche en lui proposant une prolongation de son contrat contre un salaire avoisinant les 100 millions, Mohamed Bentiba a jugé qu'à bientôt 27 ans, il lui était impossible de retourner en Ligue 2 au moment où il a la possibilité de briller encore chaque samedi de Ligue 1. À ce sujet, bien que le président de la JS Kabylie, Mohand-Cherif Hannachi multiplie les déclarations à propos d'une "signature imminente" du numéro 13 de l'ASMO, au MCO, le président Belhadj Mohamed et ses principaux collaborateurs sont quasi certains qu'ils tiennent en Bentiba leur 3e recrue estivale après Boudoumi, son ex-coéquipier à M'dina J'dida et Aguid. Car, tout comme eux, il songe à donner à ce "fils du Mouloudia" la chance de prendre sa revanche sur le sort et de démontrer de quoi il est désormais capable, Mohamed Bentiba veut, lui aussi, donner une autre dimension à sa carrière et prouver que "le MCO, c'est chez lui". R. B.