L'administration vient de prouver, une nouvelle fois à Chemini, dans la wilaya de Béjaïa, les limites de ses vues en reproduisant les mêmes réflexes éculés, en s'appuyant sur la justice comme mode de gestion des conflits. Et en piétinant son propre slogan sur la démocratie participative et les vertus du dialogue. Ce qui renforce davantage la détermination du mouvement associatif et creuse le fossé entre l'administration et les administrés. Suite à l'appel lancé par le collectif des étudiants d'Ath Weghlis, élargi à la société civile, une marche populaire de soutien et de solidarité avec les cinq militants poursuivis en justice par l'administration a eu lieu, hier, à Chemini dans la wilaya de Béjaïa. L'action de rue s'est ébranlée sous un soleil de plomb, en tête des organisateurs, Hocine Boumedjane, militant des droits de l'Homme de Béjaïa et Benadji Braham, maire de Tinebdar. Ils étaient des centaines de marcheurs à scander depuis la place Massinissa à Louta des slogans hostiles au pouvoir et à l'administration locale. "Pour l'arrêt des poursuites judiciaires", pour "la reconquête des espaces de liberté et d'expression" n'ont cessé de crier à tue-tête les protestataires de Chemini. Un protestataire, en l'occurrence A. Tayeb, fulmine et déclare à haute voix : "Face à l'injustice, il n'y a que deux chemins : celui de l'indignation ou celui de l'indifférence. Le premier veut dire combat et le second veut dire soumission." Pour sa part, Salah, un autre manifestant, déclarera : "J'appelle l'administration à la cessation immédiate de ces poursuites judiciaires et à choisir la voie du dialogue et de la concertation pour le règlement des conflits." Le maire de Tinebder, Benadji Braham, de son côté, soulignera que "c'est un devoir de participer à cette action. J'ai participé en tant que militant. Moi aussi, je suis victime comme ces quatre jeunes, car poursuivis pour les mêmes chefs d'inculpation en justice par l'ancien wali". Avant d'ajouter devant une foule nombreuse : "Les intimidations renforcent notre détermination". À noter que devant le siège de la daïra de Chemini, l'un des organisateurs a remercié les présents, avant que la foule ne se disperse dans le calme, tout en promettant d'organiser encore d'autres actions. Pour rappel, cinq militants associatifs, en l'occurrence Moualek Abdelouahab, Bellache Amirouche, Madji Sofiane, Larfi Mohamed et Messaïli Moussa, ont été destinataires d'une convocation de la sûreté de la daïra à la suite d'une plainte de l'administration. Une série d'accusations sont retenues contre eux, à savoir "incitation et fermeture du siège de la daïra, empêchement des fonctionnaires et citoyens d'accéder au siège de la daïra et affichage nocturne". Des accusations "gratuites" puisque les mis en cause par l'administration n'ont en réalité fait que demander la salle de la maison de jeunes Farid-Zadi pour y tenir une assemblée générale. Une activité ordinaire, qui a buté contre le zèle de l'administration, s'est ensuivie d'un mouvement de protestation où les manifestants ont procédé au blocage de l'accès au siège de la daïra. La daïra a trouvé l'occasion de les ester en justice pour stopper les ardeurs de ces militants qui demeurent de loin les plus actifs dans la région. A. HAMMOUCHE