Alors que - consciemment ou inconsciemment - beaucoup de parents ont tendance à assurer à leur enfants une éducation islamique qui impose l'obsession du "halal" et du "haram". Et pourtant, l'islam insiste sur le fait que l'éducation n'est pas une question de limite mais de sens, et que la qualité morale d'un bon musulman réside dans sa capacité à pouvoir donner du sens à tout ce qu'il fait, là ou le fait, quand il le fait. Un jour, un homme est venu questionner le prophète (PSL) sur la définition exacte du péché. Il lui dit : "Le péché, c'est ce qui agite ton cœur et que tu n'aimerais pas que les gens connaissent" (rapporté par Muslim). Au lieu de lui rappeler les normes et les limites, il lui parle de son intimité, de son cœur. Autrement dit, tu n'a pas besoin de parler de "halal" et de "haram", jour et nuit, matin et soir. Car pour connaître le péché, il suffit juste de voir ce qui agite et perturbe ton cœur. Tout le monde a son jardin secret, des petites cachoteries, des calculs inavouables, des manœuvres malsaines ou de petites noirceurs, et que LUI seul sait car "il connaît la trahison des yeux et tout ce que cachent les cœurs" (Coran 19/40). Nous portons tous au plus profond de nous-mêmes des secrets, des choses dont on n'est pas fier, des choses qui perturbent notre cœur, des choses qui nous mettent mal à l'aise, qu'on aimerait cacher, et que LUI seul connaît car "il sait ce que recèlent le sein de la terre et le fond de la mer. Nulle feuille ne tombe sans qu'Il le sache, et il n'est point de grain dans les entrailles de la terre ni de brindille tendre ou sèche qui ne soient mentionnés dans un Livre explicite" (Coran 6/59). Aucun être humain n'est foncièrement bon ou totalement mauvais. Dans le cœur de chacun d'entre nous, il y a du bien et parfois du mal. C'est à chacun de gérer ce mal qui l'habite pour atteindre son équilibre intérieur et pour être en paix avec LUI, avec soi-même et avec les autres. A. G. Universitaire et recteur de la mosquée de Villeurbanne (France)