Le récent attentat à Beyrouth a incité les autorités algériennes à déployer un dispositif plus draconien que celui habituellement prévu pour ce type d'événement. Le sommet de la Ligue arabe programmé à Alger, du 22 au 23 mars, sera entouré de dispositions sécuritaires exceptionnelles. Les différents services de sécurité sont en état d'alerte maximum depuis plusieurs semaines. Une cellule de crise est mise en place au siège de la Sûreté d'Alger. Elle est constituée de représentants de l'armée, de la Gendarmerie nationale, de la police et de la wilaya. équipée d'un matériel de télésurveillance et de liaisons radio très sophistiquées ainsi que d'une cartographie détaillée, cette cellule est chapeautée par le Centre opérationnel et de commandement du commissariat central (COC). Son rôle consiste en la prévention d'un quelconque trouble ou attentat qui pourrait compromettre la tenue du sommet des chefs d'Etat arabes ou le perturber. Ce n'est pas la première fois que ce genre de dispositif est déployé. Il a eu l'occasion de fonctionner lors de la dernière réunion des ministres arabes du Travail et la visite des membres du Medef, le patronat français. Une telle machine est également enclenchée à la veille d'échéances nationales de grande importance, comme l'élection présidentielle du 8 avril 2004. Cependant, le caractère hautement stratégique du rendez-vous de mars prochain a conduit les autorités algériennes à renforcer le dispositif de sécurité. Cette vigilance s'est accrue suite à l'attentat à la bombe qui a ciblé l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, à Beyrouth, la semaine dernière. “Le moindre périmètre sera sous notre contrôle”, assure une source de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). À cet effet, un quadrillage de la capitale est opéré grâce à un grand déploiement d'effectifs. Des renforts sont acheminés des wilayas limitrophes comme Blida, Boumerdès et Tipasa. “Nous ne nous contenterons pas seulement de surveiller les lieux de la manifestation — le Palais des Nations, au Club-des-Pins, et l'hôtel Sheraton où seront logées les différentes délégations —, mais nous écumerons tous les recoins de la capitale. Une petite émeute dans un quartier de la banlieue est pourrait avoir des effets néfastes. Il y va de l'image de l'Algérie”, souligne notre interlocuteur. L'attention des services de sécurité est portée plus particulièrement sur les sites qui recevront les rois et présidents arabes. À ce titre, l'aéroport international d'Alger figure parmi les endroits les plus névralgiques. Sa situation géographique à l'est de la capitale fait de lui un site très sensible. Non loin de là, sur les monts et les maquis limitrophes subsistent encore quelques petites bandes du GSPC. Bien que les capacités de nuisance de ce groupe soient très réduites, celui-ci pourrait toujours tenter un coup médiatique. La couverture de toute l'étendue de la capitale sert à prévenir ce genre d'“incident”. S. L.