Les syndicalistes ont rejeté le projet de privatisation des ports du fait qu'ils n'ont pas été consultés. La Coordination nationale des syndicats des entreprises portuaires s'est réunie en session extraordinaire les 16 et 17 février 2005 à l'hôtel Madala de Béjaïa afin de débattre des préoccupations de quelque 11 000 travailleurs que comptent les 10 ports du pays, notamment de la question liée à l'option du gouvernement qui consiste à la privatisation progressive de ces entreprises de grande envergure. Après avoir passé en revue le premier point inscrit à l'ordre du jour, à savoir la présentation par les membres du bureau exécutif du bilan de leur mandat qui arrive à terme, il a été procédé au renouvellement de l'instance suprême de la coordination. Ainsi, M. Lazhari Adjabi, un syndicaliste du port de Annaba, a été réélu pour un troisième mandat consécutif à la tête de cette coordination nationale regroupant dix conseils syndicaux. Les débats qui s'ensuivront seront des plus mouvementés dès lors qu'ils se sont concentrés sur la question cruciale, celle relative à l'avenir des entreprises portuaires face aux grandes mutations économiques que compte engager le gouvernement. Au terme de cette session tenue à huis clos, les syndicalistes des ports ont décidé à l'unanimité de “rejeter toute forme de privatisation des entreprises portuaires”. Cette résolution a été motivée par le fait que la dernière décision du gouvernement relative à l'ouverture des capitaux avec entrée en Bourse des trois ports (Béjaïa, Skikda et Arzew) a été prise d'une manière unilatérale, puisque cette coordination des conseils syndicaux, en tant que partenaire social, n'a jamais été consultée, encore moins associée à un tel projet. “On doit respecter la volonté des travailleurs. Nous n'accepterons jamais le bradage de nos entreprises, car elles sont à majorité performantes”, nous a déclaré M. Adjabi lors d'un point de presse organisé à l'issue des travaux de cette rencontre. Selon notre interlocuteur, seuls les deux ports de Djendjen (Jijel) et Ténès (Chlef) souffrent de difficultés financières, et ce, pour des raisons un peu particulières. Concernant le port de Jijel, explique-t-il, celui-ci a contracté des dettes suite au lancement du projet visant son transfert de Djendjen (centre-ville) à la localité de Bellara. La concrétisation d'un tel investissement ne peut être qu'onéreuse. Quant au port de Ténès, les syndicalistes de ce dernier parlent d'une mise à mort programmée dont serait victime leur entreprise. “C'est suite à la décision du wali de Chlef ordonnant la cessation de notre principale activité, à savoir l'exportation des déchets ferreux, qui représente 68% de notre plan de charge pour l'année en cours, que notre chiffre d'affaires a connu une chute vertigineuse”, ont-ils affirmé. Selon eux, outre le prétexte écologique, la décision du wali évoque également le trafic flagrant que connaît le marché de cette matière ainsi que le danger public que constitue son déplacement, en l'absence d'une meilleure organisation dans sa commercialisation. K. O.