Un adjoint traducteur, Nenad Glisic, amputé d'un bras, une vaine tentative de convaincre Mario Balotelli d'opter pour le Ghana en 2010, "un entraîneur malin mais un type souple" comme le décrivait Hervé Renard voilà six ans, ayant chopé le malaria dès ses premiers jours à Accra et devant sa nomination à la tête des Black Stars au "piston" de son ami Ratomir Dujkovic : l'on ne peut tout de même pas dire que le nouveau sélectionneur de l'Algérie, Milovan Rajevac, a un profil aguichant. Surtout si l'on se réfère à son limogeage de l'Etoile rouge de Belgrade deux jours seulement après la signature de son contrat ou encore à ses références erronées de champion du monde des U20 avec le Ghana, alors que la feuille de match de la finale encore vérifiable sur le site de la FIFA prouve clairement que l'entraîneur des Black Satellites qui a remporté le tournoi planétaire organisé en Egypte en 2009 est un certain Tetteh Sellas ! Réputé, toutefois, pour son sens poussé de la discipline du groupe et de la rigueur tactique, basée essentiellement sur un bloc défensif compact qui "doit impérativement suivre les consignes", le successeur de Christian Gourcuff sur le banc des Verts a, d'ailleurs, donné un petit aperçu de sa poigne lors du Mondial 2010 lorsqu'il avait osé écarter la star Muntari (Inter Milan) pour le jeune Ayew (Arles Avignon, L2). Ayant puisé sa crédibilité en tant que sélectionneur à la Coupe d'Afrique des nations 2010 lorsqu'il avait conduit le Ghana jusqu'en finale face à l'Egypte, Milovan Rajevac n'avait auparavant jamais fait vraiment parler de lui, passant dans le monde du coaching pour presque un illustre inconnu. Au moment de sa nomination à la tête des Black Stars en remplacement du Français Claude Le Roy, il avait ainsi essuyé des critiques nourries de la presse locale. "Son CV de joueur ? Une carrière anonyme dans des clubs serbes de troisième zone aux noms imprononçables. Son passé de coach ? Quelques aventures mouvementées et sans éclat dans les mêmes clubs. Il aurait pu à la limite se targuer d'une expérience sur le banc de l'Etoile rouge de Belgrade en 2004. Sauf qu'au bout de deux jours, le club a cassé son contrat. Finalement, sa seule réussite remontait à la saison 2007-2008 : la qualification des provinciaux du FK Borac Cacak pour le tour préliminaire de la Coupe de l'UEFA. C'est peu", pouvait-on ainsi lire à ce propos dans des coupons de presse de l'époque. À sa décharge cependant, le fait d'avoir fait renaître le mythe du "sorcier blanc" au Ghana, qu'il a mené aux quarts de finale de la World Cup sud-africaine, écrivant au passage la plus belle page de l'histoire des Black Stars. "Si les joueurs font ce que je leur demande, s'ils respectent les consignes, nous ne partirons pas à la Coupe du monde simplement pour participer mais pour faire quelque chose de grand", ne cessait-il de répéter à la presse ghanéenne avant d'embarquer pour Johannesburg. Convaincu de ses idées, parfois même têtu dans ses choix, Milovan Rajevac avait fini par s'ériger en star aux pays des Black Stars, un peu plus deux ans après y être arrivé comme un illustre inconnu... Rachid BELARBI