Pas moins de 64 blessés, dont 7 dans un état grave, ont été enregistrés à la suite de violents affrontements ayant éclaté, dans la nuit de lundi à mardi, entre jeunes du quartier Guetâa El-Oued et des migrants africains en situation irrégulière sur le territoire algérien. Selon une source locale, un différend, qui aurait opposé les deux parties en conflit, a été à l'origine de cette confrontation intercommunautaire qui a frôlé l'irréparable, n'était l'intervention musclée des forces de maintien de l'ordre. Jointe par téléphone, une source policière a indiqué que l'incident a commencé, dimanche, après la finale de la Coupe d'Europe de football suite à une altercation entre un migrant et un jeune du quartier avant que la situation ne prenne d'autres proportions impliquant les gens des deux camps dans une bataille rangée. Appelés en renfort, les habitants du quartier, qui auraient décidé d'en finir avec ces migrants, se seraient attaqués aux Subsahariens et auraient saccagé plusieurs de leurs maisons. Cela a suffi à mettre le feu aux poudres, surtout que la tension était déjà dans l'air en l'absence de la sécurité et des conditions de cohabitation dans cette cité traitée de tous les noms et fief de plusieurs maux et de criminalité. Il est à signaler que la montée de violence provoquée par le communautarisme et la ségrégation risque de prendre de l'ampleur si l'on continue d'observer l'omerta quant à la question des migrants dans cette ville du Sud qui fait les frais de son cosmopolitisme, et ce, tout en sachant que plusieurs quartiers, dont Matna Talat, Tahaggart, Guetaâ El-Oued, El-Djazira et Choumouaâ, sont déjà conquis par les Saoudine (Noirs de l'Afrique subsaharienne), où l'on enregistre des affrontements quasi quotidiens entre migrants et autochtones. La sonnette d'alarme a, faut-il le rappeler, été tirée par les représentants de la société civile, peu avant les affrontements éclatés en juin dernier à Tahaggart. Les habitants de l'Ahaggar s'inquiètent sérieusement de la présence sans précédent des migrants dans la ville, et surtout sur les répercussions que pourrait avoir cette affluence sur la stabilité de la région. Dans une correspondance adressée au président de la République, les notables de Tamanrasset demandent d'entrevoir des solutions urgentes avant qu'il ne soit trop tard. Pour manifester leur désarroi et la maltraitance dont ils sont victimes, des migrants de différentes nationalités ont, de leur côté, investi la rue durant toute la matinée d'hier sous le regard vigilant des policiers. RABAH KARECHE