Le système de péage de l'autoroute Est-Ouest semble avoir été abandonné par les pouvoirs publics. C'est du moins ce qui ressort des dernières déclarations du ministre des Transports et des Travaux publics, Boudjema Talaï. "L'autoroute Est-Ouest restera gratuite", a-t-il affirmé, lors de la visite qu'il a effectuée dans la wilaya de Constantine, avant d'ajouter que "les centres de péage ne sont pas une priorité de son département". Des déclarations aux antipodes de celles de son prédécesseur, Abdelkader Ouali, qui ne cessait de répéter que la mise en place d'un système de péage autoroutier est une "nécessité", afin d'assurer "la maintenance et la gestion" de cette autoroute. Il avait même annoncé que le système de péage allait être mis en service en janvier 2017, avec une tarification "étudiée et raisonnable". Au-delà de la "cacophonie" qui règne au sein des membres d'un même gouvernement, lequel doit assurer "la continuité du programme du chef de l'Etat", selon la formule consacrée, une question mérite d'être posée : que vont devenir les gares déjà réalisées ? En effet, au total 54 gares de péage sont sur le point d'être achevées tout le long de l'autoroute Est-Ouest. Elles affichent pratiquement un taux d'avancement de l'ordre de 65 à 70%, selon les chiffres de l'Agence de gestion des autoroutes (AGA). L'aspect financier mérite également d'être évoqué, tant les investissements consentis afin de doter l'Algérie d'une autoroute moderne, incluant des stations de péage sophistiquées, sont importants, pour ne pas dire colossaux. Ainsi, en 2013, plusieurs contrats ont été signés avec des sociétés étrangères, dans le but de fournir les équipements de cette autoroute, dont le volet péage. Pour la partie Centre, les travaux concernant les terrassements et la viabilisation des gares de péage sur échangeurs, des gares de péage en pleine voie, des centres d'entretien et d'exploitation, des aires de repos et de services ont été confiés au groupement Cosider TP, Cosider Construction, Indra (Espagne), Ericsson (Suède), pour un montant avoisinant les 46 milliards de dinars. Pour les mêmes travaux d'équipements, la partie Est de l'autoroute a été attribuée au groupement italo-algérien, composé de CMC (Italie, mandataire du groupement), Proger (Italie), Tecnositaf (Italie), Rotahem (Algérie), Imet (Italie), DucatiItalia (Italie) et Cordiolic (Italie) pour près de 30 milliards de dinars. Enfin, la partie ouest a été confiée à un groupement algéro-hispano-portugais, pour un montant de 26 milliards de dinars. Une simple opération d'addition nous indique que plus de 100 milliards de dinars ont été investis pour doter notre autoroute de gares de péage et autres équipements de pointe. Trois ans plus tard, le gouvernement, à travers le ministre des Transports et des Travaux publics, donne l'impression de vouloir faire machine arrière. Comment un projet peut passer du rang de "nécessité" à celui de "non prioritaire", après avoir consenti tant d'efforts et de milliards pour le réaliser ? En conclusion, les Algériens ont eu droit pendant trois longues années à une "chimère" à 100 milliards de dinars. RAMDANE B.