Deux ans après sa création au lendemain de l'élection controversée de 2014, le Pôle du front des forces du changement d'Ali Benflis connaît son premier sérieux couac : le retrait du parti islamiste, le Mouvement de la renaissance nationale (El-Islah). Décidé lors de la réunion du bureau exécutif du parti tenu le 16 juillet dernier, ce retrait a été officiellement porté à la connaissance d'Ali Benflis, hier, mercredi, a annoncé le secrétaire général du MRN, Fillali Ghouini. Lors d'un point de presse expéditif organisé au siège du parti à Alger, Fillali Ghouini ne s'est pas étalé sur les raisons ayant conduit sa formation à se retirer de ce Pôle même s'il suggère, de façon sibylline, que les divergences se situent au niveau des "méthodes de lutte". "Nous avons décidé de nous retirer du Pôle des forces du changement et nous avons informé son coordonnateur Ali Benflis. Ce retrait a été décidé après le bilan que nous avons établi de notre participation et la lecture de la situation politique", s'est contenté d'expliquer Fillali Ghouini. Il reste que le MRN maintient toujours sa qualité de membre au sein de l'instance de coordination et de suivi de l'opposition (Icso). Objectif de cette formation retirée à Abdallah Djaballah, aujourd'hui à la tête FJD : aller vers un consensus national qui rassemble toutes les forces vives de la nation et qui doit être le produit d'un dialogue "sans exclusive". "Le bureau exécutif a décidé de rester membre au sein de l'Icso et de poursuivre ses efforts en vue d'un consensus national qui sera la synthèse d'un véritable débat politique sans exclusive", a indiqué Ghouini dans une déclaration liminaire. "Les différentes initiatives existant sur la scène politique convergent sur la sauvegarde de l'Algérie et sur la nécessité du développement économique. Mais elles divergent sur les méthodes de lutte (...) Toutes ces initiatives doivent se rencontrer pour aller vers un large consensus", a-t-il dit. Cette nécessité du consensus est motivée par l'impératif de sortir de l'impasse politique dans laquelle est empêtré le pays, selon lui. "Un consensus qui doit mettre un terme dans les meilleurs délais à l'impasse à travers l'adhésion des Algériennes et des Algériens à un processus qui préserve la cohésion nationale et qui va faire face à toutes les menaces qui planent sur le pays." "L'impasse ne sert personne : ni l'Etat, ni le pouvoir, ni la société, ni l'opposition", a-t-il souligné. Dans le même contexte, il a estimé que l'adoption de la loi électorale va conduire à "la fermeture du jeu politique". Evoquant les événements qui viennent de secouer la Turquie, Fillali Ghouini a qualifié ce pays de "modèle unique" dans le monde musulman, un pays qui a fait "un saut qualitatif" en matière du "développement" que "nous sommes appelés à méditer". "L'image donnée par l'opposition turque est noble", a-t-il glissé, en conclusion, dans un parallèle qui renvoie probablement au rapport qu'entretiennent les partis turcs avec l'institution militaire dont une frange a tenté vainement de renverser l'homme fort d'Ankara, Tayyep Erdogan. Karim Kebir