La charte en question instaure les règles d'un fonctionnement consensuel de l'Instance, mais résisteront-elles aux assauts des ambitions personnelles ? Les partis politiques et les "personnalités nationales" qui sont dans l'Instance de concertation et du suivi de l'opposition (Icso), formée à l'issue de la conférence "historique" tenue à Mazafran le 10 juin 2014, auront survécu, autant à leurs divergences internes qu'aux multiples tentatives de l'extérieur visant à les déstabiliser. Néanmoins, les premiers signes de divergences, jusque-là dissimulés tant bien que mal, ont commencé à se manifester à l'occasion du deuxième sommet de l'opposition tenu mercredi dernier à la Mutuelle des travailleurs de construction de Zéralda. Conscients des ambitions aussi bien partisanes que personnelles naissantes dans ce conglomérat d'obédiences plurielles, certains membres de l'Icso l'ont d'ailleurs fait savoir publiquement à travers leurs discours, quoique subtils, prononcés lors de ce raout. Ainsi, et à titre d'exemple, le RCD dont l'absence du secrétaire général, Mohcine Belabbas, étant déjà perçu comme un message politique fort, n'a laissé aucun doute sur ce sujet en focalisant son intervention, quasi exclusivement, sur le fonctionnement de cette entité politique que forment, essentiellement, d'une part, les partis politiques et les personnalités nationales regroupés dans la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (Cltd), et d'autre part, ceux retranchés derrière le projet de l'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, réunis dans le Pôle des forces pour le changement (PFC). A priori, les "deux camps" convergent vers le même idéal, à savoir aller vers une transition politique négociée. Mais force est de constater que les objectifs et les ambitions ne sont pas forcément les mêmes pour les deux parties. Si pour la première entité, en l'occurrence la Cltd, initiatrice du projet fédérateur des rangs de l'opposition, l'urgence est de proposer un projet politique alternatif consensuel, il n'est pas dit que la seconde, à savoir le PFC, ne chercherait pas à (seulement) élargir les soutiens de son candidat préféré Ali Benflis, en prévision de la prochaine présidentielle. "Il faudra faire une évaluation sereine et sans complaisance de nos activités si nous voulons avancer." Cette remarque du RCD est loin d'être fortuite. Elle est, par ailleurs, partagée par nombre des membres de la Cltd, elle-même confrontée à des divergences de fond. Mais qui, tout de même, tient encore bon. Néanmoins, et pour faire face aux attaques venant de l'extérieur dont l'entreprise du "front" de soutien au président de la République, initié par le FLN d'Amar Saâdani, à l'Icso, le temps ne se prête guère à la division. D'où l'adoption à l'issue de la rencontre de mercredi d'une charte dite "d'obligations" que chacun des membres de l'Icso est désormais appelé à respecter. Cette charte comporte une série de principes et règles et des garde-fous à ne pas franchir. Il s'agit, entre autres, de mener des actions concertées, ou encore de "ne jamais tolérer à un membre de l'Icso de négocier, en solo, avec le pouvoir (...)". Le tout est conçu pour "renforcer et consolider les liens entre les composantes de l'Icso". Un préalable pour, dit-on, crédibiliser le "projet national rassembleur" auquel aspire l'opposition pour aboutir à "un consensus visant à réhabiliter la crédibilité des institutions souveraines de l'Etat basées sur la légitimité populaire". Si les dispositions de la charte en question sont ainsi claires, il est à se demander si elle n'est pas faite pour hâter la décantation ? Farid Abdeladim