De façon synchronisée et certainement concertée, le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères ainsi que le président de l'Assemblée nationale ont exprimé, tour à tour, la position de l'Algérie vis-à-vis du souhait du Maroc d'adhérer à l'Union africaine. C'était à l'occasion de la cérémonie de clôture de la session de printemps du Parlement organisée jeudi. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a été le premier à se prononcer sur le sujet, au Sénat, en déclarant que le Maroc est tenu de se soumettre au pacte constitutif de l'Union africaine s'il souhaite intégrer cette organisation. Interrogé sur les relations algéro-marocaines, il se contente de cette réponse vague : "Il existe une relation de proximité entre les deux pays." Sollicité, à son tour, par les journalistes au Sénat, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a indiqué qu'il allait faire une déclaration, quelques minutes après, à l'Assemblée nationale. D'emblée, il dira : "Notre position par rapport au Sahara occidental est claire et constante. Elle est en cohérence avec les résolutions onusiennes. Le Sahara occidental est un membre fondateur de l'Union africaine. Si le Maroc veut rejoindre cette organisation, il devra le faire sans condition et en respectant les procédures en vigueur au niveau international. Nous n'avons aucun problème particulier avec le peuple marocain. Mais nous devons ouvrir certains dossiers et, dans ce sens, nous ne tolérons pas la demande de sortie du Sahara occidental de l'Union africaine." Abdelmalek Sellal a rappelé la déclaration du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, qui s'est montré, mercredi dernier, assez réservé sur l'initiative marocaine. Le diplomate a tenu à préciser qu'il s'agissait d'une "adhésion" et non d'un "retour" du fait que le Maroc s'était retiré de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) en 1984, dissoute en 2002 et remplacée par l'Union africaine (UA). Dans son discours, le président de l'Assemblée nationale, Larbi Ould Khelifa, pour sa part, a renouvelé le soutien du pays et sa solidarité "avec le peuple sahraoui dans sa lutte pour (...) mettre un terme à la dernière colonie en Afrique". Il a ajouté que l'Algérie "appuie ce peuple pacifique dans sa résistance multidimensionnelle sous l'égide du Front Polisario qui est le seul et unique représentant légitime connu pour son combat légitime et loyal, comme l'a prouvé le dernier congrès extraordinaire du Front tenu à Dakhla, couronné par l'élection démocratique de Mohamed Ghali, à la tête de la République arabe sahraouie". Ce ballet de déclarations des officiels algériens intervient cinq jours après la lettre adressée par le roi du Maroc, Mohammed VI, aux dirigeants africains, dans laquelle il a formulé clairement le désir de Rabat de "réintégrer l'organisation de l'Union africaine". On remarque que le Maroc parle d'une réintégration et non d'une adhésion. C'est ce qui a motivé sans doute les autorités algériennes à apporter quelques mises au point pour éviter une réédition de l'incident de 1984, année au cours de laquelle le Maroc a quitté l'organisation africaine avec fracas afin de manifester sa protestation contre la reconnaissance du Sahara occidental. Cela étant, le lobbying marocain a commencé et a déjà abouti à une motion pour la suspension de la RASD, qui a recueilli les signatures de 28 chefs d'Etat sur les 54 que compte au total l'Union africaine. N. H.