Vingt-sept ans après sa disparition tragique dans un "accident", l'illustre écrivain, chercheur et penseur, Mouloud Mammeri, a, enfin, eu droit à sa statue. Une statue grandeur nature en bronze qui trône désormais en gardien du temple à Beni Yenni, sa région natale, où elle a été inaugurée, hier, en présence d'une grande foule. Ce sont plusieurs centaines de personnes qui ont bravé la chaleur suffocante de juillet pour prendre part à cette cérémonie d'inauguration qui a débuté au cimetière de Taourirt-Mimoun, avec un recueillement sur la tombe de celui qui a passé sa vie durant à déterrer cette culture berbère jusqu'alors profondément ensevelie par l'arabo-baathisme qui s'était emparé de la personnalité algérienne, et qui s'est poursuivie, à quelques dizaines de mètres de là, sur la placette nouvellement aménagée pour recevoir cette statue de 1,85 m qui représente Mouloud Mammeri en position assise, face au majestueux Djurdjura. Rassembleur, celui que tout le monde appelait Dda Lmouloud, l'a été encore une fois hier. Rien d'étonnant, à vrai dire. Il s'agit d'un symbole partagé reconnu par tous, en Kabylie comme ailleurs, indépendamment des divergences politiques ou autres. Parmi l'assistance, étaient présentes des figures connues du monde culturel, politique et administratif. Parmi elles, Lounis Aït Menguelet, Ali Sayad, Massa Bouchafa, Slimane Hachi, Abderrazak Larbi Cherif, une délégation du FFS conduite par l'ex-premier secrétaire national du parti, Ali Laskri, le maire de Tizi Ouzou, Ouahab Aït Menguelet, et aussi des représentants du ministère de la Culture et des représentants des autorités locales. Lors d'une prise de parole, chacun y est allé de ses mots, mais tous ont rendu un vibrant hommage à ce géant de la littérature en général et, plus particulièrement, de l'anthropologie et de la culture berbère dont il était le premier à mettre en place la grammaire, à la replacer au centre du débat sur la personnalité algérienne et surtout à jeter les premiers jalons, sinon les ingrédients, de ce qui allait devenir par la suite un combat pour l'identité berbère. Sur place, les représentants de l'association Talwit qui a pris à bras le corps ce projet, ont rappelé que la réalisation de cette statue est un projet initié depuis 2013 et financé entièrement par l'APW de Tizi Ouzou qui a dégagé un milliard de centimes pour sa concrétisation. Elle a été réalisée par un sculpteur de Beni Yenni vivant en Allemagne, Graine Abdeslam, dit Olivier. Initialement, ont-ils indiqué, cette statue devait être inaugurée le 20 avril dernier mais l'aménagement de la placette a pris plus de temps que prévu. Samir LESLOUS