De nouvelles révélations du New York Times évoquent la saisie d'un luxueux yacht et de toiles d'Andy Warhol, de Joan Miró et de Salvador Dalí, appartenant à Bedjaoui. La situation de trois propriétés luxueuses achetées à New York, comme l'immeuble situé sur la célèbre artère de Manhattan Fifth Avenue, fait l'objet d'une enquête du fisc américain. Surnommé "Monsieur trois pour cent" pour sa part présumée dans le "bakchich" versé pour les contrats pétroliers et gaziers accordés en Algérie, Farid Bedjaoui a toujours nié les accusations. Mais de nouveaux détails accablants sont venus l'enfoncer davantage. Ainsi, de nouvelles révélations publiées hier par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) montrent que 12 des 17 sociétés offshore, considérées comme appartenant Farid Bedjaoui, ont été mises en place entre 2007 et 2010 par le cabinet Mossack Fonseca, à l'origine de l'affaire dite des Panama Papers. Dans son édition d'hier le New York Times, l'un des plus prestigieux journaux américains, rappelle que le neveu de l'ancien ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, est impliqué dans "une affaire criminelle majeure" pendante, du reste, devant la justice italienne. Présenté comme "l'intermédiaire attitré" de Sonatrach, Farid Bedjaoui est accusé par les procureurs italiens d'avoir aidé une société italienne de services pétroliers et gaziers, en l'occurrence Saipem, à remporter des contrats en Algérie d'une valeur de 10 milliards de dollars, et ce en échange de 275 millions de dollars en pots-de-vin versés par l'entremise d'un groupe de sociétés offshore. L'enquête se poursuit pour définir les interstices de la toile d'araignée complexe tissée par Farid Bedjaoui, citoyen algérien, français et canadien et pour déterminer notamment les identités des différents bénéficiaires. Ses seize comptes bancaires en Algérie, à Dubaï, à Hong Kong, au Liban, à Londres, à Singapour et en Suisse sont actuellement épluchés. Les mouvements des comptes bancaires de deux sociétés en particulier font l'objet d'une étroite surveillance à l'instar de Minkle Consultants S.A., une société présentée, selon les charges, comme "un carrefour des flux financiers illicites" et Collingdale Consultants Inc. qui aurait été utilisée pour détourner 15 millions de dollars versés à des associés et à la famille de Chakib Khelil, ministre algérien de l'Energie de 1999 à 2010. Le quotidien new-yorkais signale, par ailleurs, que des biens de Farid Bedjaoui ont été saisis au Canada et en France. On évoque également la réquisition d'un yacht de 140 pieds et des toiles d'Andy Warhol, de Joan Miró et de Salvador Dalí. Les responsables du fisc américain examinent, en outre, la situation de trois propriétés luxueuses achetées à New York comme l'immeuble situé sur la célèbre artère de Manhattan Fifth Avenue d'une valeur de 28,5 millions de dollars. Bien que l'enquête ait fait la une de la presse internationale en février 2013, les e-mails internes à Mossack Fonseca suggèrent que le cabinet d'avocats n'avait remarqué les anomalies que sept mois plus tard, et ce, suite à une recherche sur Internet concernant un autre client. Pressé par les fonctionnaires des îles Vierges britanniques, où sont domiciliées la plupart des sociétés fictives de Farid Bedjaoui, les responsables de Mossack Fonseca ont été incapables de fournir les détails de leurs contacts. Certains de leurs employés ont dû, ainsi, servir d'administrateurs nominaux pour certaines des entreprises visées par l'enquête. Le directeur général du cabinet d'avocats, dans les Îles Vierges britanniques, n'avait pas manqué de prévenir, pour sa part, dans un courriel interne que cette situation était "totalement embarrassante" et qu'elle pouvait entraîner une amende. Mossack Fonseca avait pourtant rapporté les activités de Bedjaoui aux autorités des Îles Vierges britanniques dès 2013. Force est donc de constater que le cabinet d'avocats a continué à travailler avec au moins l'une des sociétés de Farid Bedjaoui, Rayan Asset Management en l'occurrence, et ce, jusqu'en novembre 2015. Il convient de rappeler que plusieurs responsables algériens ont été cités dans cette affaire des Panama Papers qui est loin de connaître son épilogue. À ce jour, aucun parquet algérien n'a osé s'autosaisir de ce scandale de fuite de capitaux et/ou d'évasion fiscale qui, notons-le, bat en brèche sérieusement la crédibilité de nos institutions. Mohamed-Chérif Lachichi