S'appuyant sur les documents confidentiels piratés appartenant au cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, le New York Times est revenu hier sur l'affaire de Farid Bedjaoui. Cette fois, le montant des pots-de-vin dépasse les 190 millions d'euros cité auparavant par la justice italienne. Le journal américain a, en effet, donné la somme de 275 millions de dollars de commissions perçues pour des contrats en Algérie d'une valeur de 10 milliards de dollars. Le New York Times s'est référé au fameux Consortium international des journalistes d'investigation qui a eu accès aux documents volés. Le journal américain évoque ainsi une «affaire criminelle majeure», dont est responsable Farid Bedjaoui, présenté comme «neveu d'un ancien ministre algérien des Affaires étrangères». Selon les nouveaux documents de Panama Papers, le cabinet Mossack Fonseca avait créé 12 des 17 sociétés fictives liées à M. Bedjaoui. L'une d'elle, Collingdale Consultants Inc., a été utilisé pour détourner 15 millions de dollars au profit des associés et des membres de la famille de l'ex-ministre de l'Energie Chakib Khelil. La même source ajoute que Farid Bedjaoui a tissé une «toile complexe» pour cacher son argent, avec 16 comptes bancaires en Algérie, Dubaï, Hong Kong, Liban, Londres, Singapour et Suisse. Le New York Times a rappelé dans ce contexte que les actifs de Bedjaoui ont été saisis au Canada et en France, notamment un yacht et des œuvres picturales d'artistes célèbres (Andy Warhol, Joan Miró et Salvador Dalí). Les autorités américaines examinent, précise le journal, l'origine des trois propriétés acquises par Bedjaoui, dont une située sur la Cinquième avenue de Manhattan (New York) d'une valeur de 28.5 millions de dollars. Bien que visé par une enquête et un mandat d'arrêt international en 2013, des emails internes de Mossack Fonseca laissent comprendre que le cabinet n'a pas pris en considération les procédures de la justice internationale. Mossack Fonseca a continué d'ailleurs à travailler avec l'une de ses entreprises, Rayan Asset Management, au moins jusqu'au mois de novembre 2015. Le directeur général du cabinet d'avocats dans les îles Vierges britanniques a écrit dans un courriel interne n'ayant pas «les informations de base sur les employés est totalement embarrassant», et peut entraîner une amende. En fuite, Farid Bédjaoui, âgé de 45 ans, dispose de plusieurs nationalités (algérienne, française, canadienne, italienne…). Il a été considéré comme «l'ami» de Chakib Khelil et présenté souvent comme «agent intermédiaire» entre entreprises algériennes et étrangères. Certaines parties avancent que c'est Khelil en personne qui l'a introduit dans le secteur énergétique. Ce qu'a réfuté l'ex-ministre de l'Energie en avouant l'avoir rencontré à Paris à la demande de la partie italienne qui avait fait appel à ses services pour négocier au profit de Saipem. D'autres sources indiquent que ce jeune homme serait intervenu aussi pour le compte d'entreprises chinoises et canadiennes pour leur arracher des contrats en Algérie. Aujourd'hui, il est recherché par l'Algérie et l'Italie. Selon certaines sources médiatiques, Bedjaoui aurait trouvé refuge au Mexique.