Au moment où notre pays fait face à une chute brutale des prix du pétrole, impactant au passage son budget et compromettant sa politique de développement dans différents secteurs, il est temps de faire le point sur le potentiel riche mais inexploité de l'Algérie : l'industrie du tourisme. Si les pouvoirs publics commençaient à l'envisager comme une vraie alternative durable à l'or noir, l'économie algérienne décollerait. Au travers de cette tribune, nous allons essayer de montrer et démontrer que ce secteur économique peut constituer une locomotive pour le développement de plusieurs secteurs économiques du pays. À quelque chose malheur est bon Devrait-on dire "à cause" ou "grâce" ? La crise que connaît le secteur des hydrocarbures a permis d'amorcer une certaine volonté des pouvoirs publics de trouver d'autres ressources que le pétrole. Le tourisme est un des secteurs sur lequel notre pays mise beaucoup, à juste titre, puisque c'est la deuxième industrie la plus importante dans le monde, après celle de l'armement. Par ailleurs, il faut noter que plus d'un milliard de touristes parcourent les quatre coins de la planète chaque année, s'aventurent à la découverte de continents dont les distances se réduisent. Notre pays a donc raison de s'engager dans la voie du développement touristique et profiter de cette manne sans cesse croissante. Quel type de tourisme souhaitons-nous ? Cette question est primordiale pour définir une politique touristique en adéquation avec nos ressources et notre réalité sociale. Elle est d'autant plus pertinente que le mode de consommation du produit touristique est en perpétuel changement dans les principaux pays émetteurs. Le touriste consomme "intelligemment", il est très sensible aux notions de "tourisme durable", "tourisme équitable", "tourisme responsable", "écotourisme". Dès lors, ces notions doivent être intégrées dans toute politique et planification touristique. Car nous savons tous les effets pervers d'un tourisme de masse, non seulement sur nos ressources et nos sociétés mais aussi sur les économies des pays qui le pratiquent. Notre pays doit s'inscrire aux antipodes de cette forme de tourisme pour plusieurs raisons; d'abord, nous voyons les ravages d'une exploitation intensive des ressources touristiques (bétonnage des côtes, extinction des espèces de faune et flore, altérations des sites archéologiques....). Ensuite, d'un point de vue économique, les performances ne sont pas pour autant au rendez-vous (prix bradés, qualité de service en décroissance, personnel démotivé,...) car la politique des prix est dictée par les grands groupes du secteur (TUI, Thomas Cook,...). Tourisme de niche Un pays comme le nôtre, avec ses ressources, son histoire, son authenticité, devra développer une politique visant à valoriser cet art de vivre à l'algérienne. La destination devra attirer les meilleurs tour-opérateurs de niche ayant une clientèle à haut pouvoir d'achat et férue d'histoire, de culture, de rencontres dans un environnement protégé. À mon sens, l'Algérie détient les moyens pour déployer une telle politique. Je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent qu'il faut que tout soit parfait pour aller à la conquête des marchés émetteurs. Notre infrastructure n'a rien à envier aux pays limitrophes. J'ai parcouru le monde dans le cadre de mes fonctions et je le réaffirme : notre pays est prêt pour jouer un rôle prépondérant dans la région. Pour ce faire, il est nécessaire d'élaborer une feuille de route pour ce secteur, d'y associer les secteurs privé national et étranger et de commencer sa mise en œuvre dès maintenant. En effet, cela s'est avéré un succès pour plusieurs destinations moins privilégiées que l'Algérie. C'est le cas de la Jordanie, du Cap-Vert, du Sultanat d'Oman ou du Rwanda, qui sont arrivés à s'imposer sur l'échiquier international du tourisme. Il est donc temps de faire de l'année 2017 celle du début d'une véritable "révolution touristique" pour l'Algérie. Le travail devra se faire en étroite collaboration avec les autres secteurs afin d'éveiller les consciences, d'aller vers un objectif commun et de faire de ce secteur une priorité nationale. Md Ameziane Meziant Consultant et expert Développement touristique