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«Des obstacles politiques et idéologiques rendent difficile le tourisme en Algérie»
Ahmed Tessa. Enseignant à la faculté des sciences économiques de Tizi Ouzou
Publié dans El Watan le 03 - 06 - 2013

Après de nombreuses études et recherches sur la gestion de l'espace, ce qui ressort notamment à travers ses deux ouvrages : Economie touristique et aménagement du territoire (1993) et Algérie-histoire d'une construction spatiale : 1960-2005 (2007) , l'économiste, Ahmed Tessa, livre dans cet entretien des éclairages pertinents sur les contraintes qui freinent l'essor du secteur du tourisme en Algérie malgré les efforts financiers colossaux que les politiques publiques y consentent depuis plusieurs années.
Les potentialités touristiques constituent un facteur clé des politiques de développement prônant l'approche territoriale. Qu'en est-il de l'Algérie?
En plus des nombreux atouts que la nature a généreusement prodigués à l'Algérie, comme les ressources énergétiques (pétrole et gaz naturel) et autres souterraines (phosphate, minerais de fer, plomb, mercure et zinc, etc.), l'Algérie est aussi riche en potentialités touristiques, qui constituent un facteur indéniable de développement durable et pour la diversification des recettes financières, qui demeurent à présent totalement dépendantes de la rente pétrolière épuisable dans le temps. D'une superficie de 2,38 km², avec un façade maritime de 1200 km et un Sahara de 2 millions de km², le pays offre plusieurs potentialités touristiques diverses et variées, à savoir : un héritage multiséculaire, patrimoine historique numide, romain, byzantin, musulman et occidental (période coloniale), des massifs montagneux d'altitudes variées, des réservoirs de sources thermales, des forêts avec une faune sauvage, des plages, des parcs nationaux, de l'artisanat, des arts culinaires, des sites préhistoriques, des stations de gravures, des sites néolithiques, des ruines romaines, des massifs dunaires et de grands ergs, Atlas saharien, vallée du M'zab, des palmerais et des oasis.
C'est un pays riche en atouts touristiques d'une authenticité et d'une originalité qui forcent l'admiration des marchés émetteurs de touristes potentiels. Le tourisme permet la valorisation des potentialités et des acteurs locaux, la maîtrise des déséquilibres régionaux, le renforcement et l'intégration économique régionale parce que le produit touristique est composite. Il exerce un impact sur les autres secteurs de l'économie (alimentation, hébergement, transport, etc.). En Algérie, la bureaucratisation et l'intérêt accordé aux autres activités économiques, particulièrement à l'économie pétrolière, bloquaient le développement du secteur touristique. De ce fait, la promotion de cette activité est rendue difficile par une multitude d'obstacles politiques, idéologiques et techniques. Certains promoteurs du secteur font beaucoup plus de la promotion pour les produits touristiques saoudien, qatari, tunisien, turc qu'au produit national !
-La Kabylie, par exemple, renferme d'importants atouts permettant la diversification de l'offre touristique mais le secteur peine à trouver son essor. Quelle est votre vision en la matière ?
La Kabylie, à l'instar des autres régions du pays, reçoit sa part de la rente pétrolière. Alors le développement du tourisme n'est pas une priorité. Elle renferme d'énormes potentialités touristiques qui peuvent servir de locomotive à son développement économique. Parmi ces atouts, nous pouvons énumérer les allées couvertes d'Aït Rhouna (Azeffoun), les gravures rupestres d'Azrou Imedyazen (Tizi Ouzou), les cités romaines de Tigzirt, et d' Azeffoun, une tradition orale omniprésente où se révèlent histoire, traditions et légendes, des produit artisanaux de tapisserie, bijouterie, poterie et céramique, vannerie, broderie, sellerie, maroquinerie, ébénisterie, etc.
Des plages avec un sable doré, des forêts denses avec une faune sauvage et des montagnes de haute altitude. La Kabylie offre des possibilités de développer la chasse touristique, la pêche et la plongée sous-marine, la randonnée pédestre, le parachute ascensionnel, le ski nautique, voiles et croisières, le cross, le marathon et toutes activités sportives. Conscients de l'importance de ce secteur, les pouvoirs publics locaux ont procédé à l'élaboration du SDAT (Schéma directeur d'aménagement touristique), la réalisation d'un centre d'information et d'orientation touristique, aménagement des ZEST (Zones d'extension et sites touristiques) balnéaires et de montagne, aménagement de 6 terrains de camping, aménagement du site de Taksebt, réhabilitation du site de Tala Guilef, 9 projets en cours de réalisation avec une capacité de 606 lits, avec 231 emplois et 14 projets inscrits pour une capacité de 974 lits et 714 emplois.
Le parc hôtelier de la wilaya est composé de 49 établissements d'une capacité total de 2366 lits. Le secteur peine à trouver son essor pour plusieurs raisons. Il y a par exemple des motifs d'ordre socioculturel, car le tourisme provoque un changement profond dans les structures et les institutions sociales du pays, bien que la protection de ce patrimoine fût une priorité pour l'Etat et ses organes jusqu'à la fin des années 1990. Il y a aussi des motifs d'ordre économique, car l'Etat canalise les investissements vers des secteurs autres que le tourisme.
-L'économie touristique requiert aussi un savoir-faire et des compétences de qualité. Que pensez-vous de l'encadrement du secteur au niveau local ?
Nous pouvons dire que le secteur peut prendre une place considérable dans l'économie de la région si seulement les efforts convergent vers l'intérêt général de ce territoire.
On ne peut pas parler d'encadrement sans citer la contribution de l'INTHT (Institut des techniques d'hôtellerie et de tourisme) à la formation de haut niveau des cadres des différents établissements au niveau local et national. Après l'indépendance, l'Algérie a investi en devises fortes dans la formation des cadres de ce secteur à l'étranger.
Des cadres qui ont cru en l'avenir de leur secteur, mais plusieurs d'entre eux sont partis à la retraite, d'autres ont migré vers d'autres secteurs. La gestion des ressources humaines, aujourd'hui, est cruciale et déterminante pour la rentabilité économique.
Elle est décisive pour l'édification des institutions républicaines. De plus en plus les entreprises font appel dune manière plus ou moins régulière et intensive au mode d'organisation des projets pour améliorer leur qualité et leur compétitivité. Cependant, il est recommandé de confier les structures du secteur touristique aux spécialistes du domaine en faisant des promotions sur la base des compétences et non pas selon les affinités politiques.
-Et qu'en est-il des ZEST qui demeurent à la traîne depuis plus de 20 ans ?
C'est l'éternel recommencement ! Ce ne sont pas 20 ans, mais beaucoup plus, si l'on tient compte de la politique de développement touristique déclarée par l'ordonnance du 26 mars 1966. Son premier article stipule : «En vue de la réalisation d'un plan d'aménagement touristique, il sera procédé à la délimitation de régions ou de lieux prioritaires pour le tourisme, soumis à des mesures de protection particulières où les efforts d'équipement et d'exploitation seront concentrés.» Cette charte de tourisme est complétée par le décret de déclaration de zones d'expansion touristique (ZET) de 1988 qui sont devenues par la suite des ZEST dans la loi 03-03 du 17 février 2003.
Beaucoup d'argent a été dépensé pour des études qui, parfois, doivent être actualisées quelques années après, parce qu'elles s'avèrent dépassées ! Beaucoup de tapage et peu de concrétisation. Il y a absence de continuité dans le travail des institutions. La wilaya de Tizi Ouzou dispose de 8 ZEST balnéaires réparties entre les communes d'Azeffoun, Tigzirt, Aït Chaffa et Iflissen totalisant une superficie de 1973 hectares dont 166 de superficie aménageable, selon l'étude ENET.
Quatre nouvelles ZEST sont prévues en zone de montagne, respectivement à Tala Guilef, Azrou Nthour, Yakourene et Tizi Oudjaâboub. Sur le terrain, le littoral de la Kabylie est envahi par des constructions illicites. Jean Feger écrit à ce propos : «Les investisseurs, s'étaient révélés moins intéressés par le tourisme en tant que service, activité économique répondant aux besoins de toutes les couches sociales, que par la spéculation foncière, la vente de terrains et la construction de résidences secondaires…, ce qui se manifeste par la naissance d'une urbanisation anarchique au bord de la mer avec un grand gaspillage d'espace et une faible productivité touristique.» Pourtant, la loi relative aux zones d'expansion et sites touristiques a pour objectif «la protection et l'utilisation rationnelle et harmonieuse des espaces et ressources touristiques en vue d'assurer le développement durable du tourisme».
-Ces dernières années les pouvoirs publics multiplient les programmes d'aide à l'investissement et à la création de microentreprises. Le secteur du tourisme a-t-il bénéficié d'un nombre satisfaisant de projets dans ce cadre ? Les projets financiers répondent-ils aux attentes ?
Nous avons des dispositifs et des facilitations importantes qui nécessitent une large vulgarisation. Les différentes institutions doivent savoir faire le bilan, apporter des ajustements et demander des comptes en raisonnant en termes de rentabilité économique. Pour l'année 2012, en matière d'investissement touristique, la wilaya de Tizi Ouzou a enregistré 23 projets initiés par le secteur privé pour une enveloppe de 2,6 milliards de dinars, offrant une capacité de 1581 lits. Dans le cadre du développement des ZEST, 10 demandes d'investissement sont transmises à la tutelle pour avis. Ces projets seront implantés à Azeffoun, Tigzirt, Aït Chaffa et deux projets hors ZEST. Cette démarche de développement initiée par les pouvoirs publics et des opérateurs économiques privés sera d'un impact positif si elle arrive à mobiliser des spécialistes multidisciplinaires (économistes, sociologues, urbanistes, associations et autres).


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