Un appel de détresse vient d'être lancé par les parents d'élèves handicapés du cycle moyen, qui fréquentent la classe spéciale (la seule dans la capitale !), à l'école Abdelkrim-Aggoun, à Alger, en vue de leur passage au lycée, à la prochaine rentrée scolaire. Dans une lettre ouverte adressée à la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, ces derniers se présentent comme les parents des 5 enfants souffrant de "dyslexie", d'"épilepsie" et d'"autisme", des élèves qui, précisent-ils, ont terminé la 4e année moyenne cette année avec une moyenne trimestrielle et annuelle allant de 10 à 13 sur 20, et dont certains ont même obtenu un tableau d'honneur. Dans leur missive, les parents font état d'une injustice durant les épreuves du Brevet d'enseignement moyen (BEM), en annonçant que contrairement à ses camarades, le seul élève souffrant d'autisme qui a réussi son BEM est celui-là même qui "a eu droit" à un "guide" affecté par la Direction des affaires sociales (DAS) de la wilaya d'Alger et qui a été "admis" par la Direction de l'éducation. Pourtant ces guides sont "censés accompagner nos enfants, y compris pendant les examens", rappellent-ils, tout en déplorant "cette injustice et cette discrimination entre les élèves d'une même classe spéciale". Les expéditeurs de la lettre à la ministre de l'Education rappellent, en outre, avoir pris connaissance "dernièrement" de la note n°1122 du 27 juin 2016 du département de Mme Benghabrit, relative aux démarches exceptionnelles au profit "des élèves à besoins spécifiques". Une circulaire qui a d'abord suscité espoir et joie parmi les collégiens handicapés et leurs parents, puisqu'elle "donne droit aux enfants des classes spéciales, ayant obtenu la moyenne de 10 ou plus (...) de passer en classe supérieure, et ce, même s'ils ont échoué au BEM", avant de laisser place à la "déception" et à "une grande amertume". En effet, ce n'est que récemment, lors de la récupération des bulletins scolaires, que les parents des élèves à besoins spécifiques auraient appris que leur enfant n'est pas concerné par ladite mesure et qu'il doit redoubler sa classe, même s'il a obtenu une bonne moyenne dans ses études. Mais, que dit la note du 27 juin 2016 ? Sans prendre la peine de consulter les spécialistes en la matière ni conseiller, au moins, l'examen au cas par cas, l'offre du ministère de l'Education nationale aux élèves à besoins spécifiques s'adresse uniquement aux "handicapés sensoriels", c'est-à-dire les non-voyants et les sourds et muets, ainsi qu'aux "handicapés mentaux", c'est-à-dire les trisomiques 21 et les autistes des classes spéciales, excluant de fait tous les autres élèves handicapés, quelles que soient les notes obtenues pendant la scolarité. Pour les parents des collégiens handicapés de l'école Abdelkrim-Aggoun, que Liberté a rencontrés, cette façon de faire est "scandaleuse" et "discriminatoire", contredisant tous les discours développés par les pouvoirs publics, en particulier celui de la ministre de l'Education qui ne cesse, pourtant, de défendre le droit fondamental des enfants handicapés à bénéficier de "l'éducation et de l'instruction" et la multiplication des "classes spéciales" pour cette catégorie. D'où l'interpellation de Mme Benghabrit afin de "revoir cette décision" et pour permettre aux élèves handicapés qui le méritent de franchir enfin la porte d'un établissement du secondaire. Hafida Ameyar