La salle des actes de l'Université d'Alger a abrité, hier, un colloque qui durera deux jours. La manifestation, consacrée au devenir des études supérieures et de la recherche scientifique, n'a pas drainé beaucoup de monde. “Les gens sont découragés par la crise qui frappe l'Université algérienne. Le plus terrible, c'est qu'il est exigé du chercheur algérien de travailler en langue arabe pour accéder ou bénéficier d'un laboratoire de recherche”, a constaté une universitaire en déplorant l'absence de “pas mal” de chercheurs et d'enseignants à cette rencontre, ainsi que celle du syndicat des enseignants du supérieur (Cnes). Pour Mme Bédjaoui, vice-recteur de l'Université d'Alger, le colloque a pour but principal de “faire le point sur la recherche”, de susciter un débat sur le système LMD (licence, mastère et doctorat), en prévision de sa généralisation prochaine, la “réactualisation” des connaissances, le “recyclage” de l'encadrement et la “définition” des objectifs de l'enseignement supérieur. La responsable a également affirmé que la synthèse des réflexions “constructives” du colloque et les propositions avancées seront transmises au ministère de tutelle. “Je souhaite vraiment que le séminaire débouche sur une prise en charge réelle des problèmes des enseignants”, a déclaré Mme Bédjaoui. Cette dernière a, par ailleurs, reconnu que certains départements, comme celui de la traduction, qui possèdent pourtant “d'excellents enseignants”, ne peuvent pas faire de la recherche parce que “les enseignants sont bloqués par l'obligation de rédiger en arabe”. Au cours de la journée d'hier, les intervenants ont abordé les difficultés rencontrées dans la postgraduation et la recherche universitaire; d'aucuns ont même dénoncé l'isolement de l'Université d'Alger par rapport aux autres universités du pays et celles étrangères. Selon le professeur Mahmoud Boussena, doyen de la faculté des sciences humaines et sociales, il est nécessaire d'inclure, dans un avenir proche, “un programme des professeurs visiteurs” en vue d'enrichir le débat et surtout de créer une nouvelle dynamique où la qualité de l'enseignement et de la recherche sera au centre des préoccupations. M. Boussena a aussi plaidé pour l'élaboration d'un “guide de recherche universitaire” pour l'étudiant, notant que sa faculté sera bientôt en possession d'un “outil de recherche”, après la publication de la liste des thèmes de recherche soutenus de 1970 à ce jour. D'autres participants sont intervenus pour mettre en exergue l'insuffisance de productions universitaires sur “le phénomène de violence” et le manque d'impact de l'opposition politique, dans une société “structurée en réseaux relationnels”. D'autres encore ont mis à nu l'état déplorable de la bibliothèque de l'Université d'Alger. “On ne peut pas parler de l'université et de la recherche scientifique si on ne parle pas et si on ne règle pas le problème de la bibliothèque”, a soutenu l'un d'eux, en rappelant, notamment l'inexistence d'un “statut particulier” des bibliothèques, l'insuffisance des budgets alloués et des ressources humaines. “La bibliothèque ne joue pas un rôle central”, a déclaré non sans en interpeller le ministère de l'enseignement supérieur sur cette problématique. La journée d'hier n'a pas satisfait grand monde. “Les problèmes soulevés sont réels et nous les vivons tous les jours, mais je m'attendais à ce qu'on parle plus de la recherche dans les laboratoires, de la recherche avec un grand R”, a soutenu un enseignant. Une autre universitaire a, quant à elle, réfuté la distinction entre enseignants et “enseignants chercheurs”. “Un enseignant à l'université doit être chercheur. Pour moi, cette distinction entre les deux concepts est une aberration”, a-t-elle souligné. H. A.