Le ministre de l'Intérieur et le wali d'Alger se sont déplacés, dans la nuit de vendredi à samedi, sur les lieux de l'incendie où ils ont rencontré les représentants des familles sinistrées et leur ont promis un relogement diligent. Un violent incendie a ravagé un centre de transit de 4 étages à la rue Adjissa-Maâmar, situé à quelques encablures de la wilaya déléguée de Bab El-Oued (Alger). Ce sinistre, qui s'est déclaré vers 21h, a dévoré deux étages, dont les séparations étaient en bois, et toute la toiture de l'immeuble. Les flammes se sont vite propagées pour atteindre les étages des immeubles mitoyens et la toiture d'un autre immeuble. L'intervention rapide des éléments de la Protection civile a permis d'évacuer les quelque 80 familles et de maîtriser l'incendie après plusieurs heures de lutte. Près de 20 engins, des échelles et six ambulances équipées ont été mobilisés pour venir à bout de ce sinistre qui aurait pu causer des pertes en vies humaines au vu de l'exiguïté des lieux et de l'état dans lequel se trouve le centre en question. Hier matin, les sapeurs-pompiers s'attelaient à évacuer les biens qui restaient à l'intérieur des demeures, notamment les bonbonnes de gaz stockées dans les couloirs de cet immeuble. Tout autour, les agents chargés de l'hygiène déblayaient les lieux pour parer au risque d'un nouvel incendie. Hébergées dans une école mitoyenne à cet immeuble, les familles sont dans l'attente de leur relogement. Vers minuit, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, s'est rendu à Bab El-Oued où il a rencontré les représentants des familles sinistrées. "Le ministre de l'Intérieur et le wali d'Alger sont venus nous voir. Ils nous ont promis des logements, mais sans plus", a indiqué un habitant dudit centre. Selon M. Bedoui, "un recensement des familles concernées sera effectué pour que ces dernières soient relogées demain". En ce sens, le ministre a donné des instructions au wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, "de prendre en charge l'opération de relogement. Ces familles seront relogées dans les meilleurs délais". Mais la colère est grandissante à Bab El-Oued. Les vieux immeubles situés à la rue Adjissa-Maâmar sont dans un état de délabrement avancé. Avant qu'il ne soit transformé en centre de transit en 2002, cet immeuble faisait office d'un dépôt de médicaments. "Aujourd'hui, la wilaya d'Alger reloge des indus occupants qui revendent à 100 millions de centimes leurs chambres une fois qu'ils quittent les lieux. Nos immeubles sont entourés de dépôts abandonnés, de broussailles, de marchés et de toutes sortes de détritus. Il suffit d'une étincelle pour qu'un incendie ravage nos maisons", accuse un riverain, visiblement affecté par cet incendie. Un autre riverain, qui a accepté de témoigner, nous invite chez lui. Ce dernier a vu sa maison partir en fumée. "Il ne me reste plus rien. Pourtant, je suis propriétaire des lieux. N'était la Protection civile, ma famille aurait été carbonisée à l'intérieur de la maison. Regardez les dégâts ! J'ai habité dans ce centre de transit pendant plusieurs mois à cause des dégâts causés par le séisme. Mais j'ai effectué des travaux à mes frais et je suis revenu chez moi. Et aujourd'hui, qui sera garant de mon avenir ?", s'interroge M. Khelfi. Tout autour de la rue Adjissa-Maâmar, les éléments de la Police scientifique s'attellent à effectuer des prélèvements pour déterminer les causes de cet incendie, mais aussi le point de départ. Info ou intox, certains habitants criaient, hier, à un incendie volontaire commis par "des mains invisibles" pour faire bénéficier ces familles de logements sociaux. En tout état de cause, une enquête a été ouverte par les services de la sûreté de daïra de Bab El-Oued pour faire toute la lumière sur ce sinistre. FARID BELGACEM