Âgé de 41 ans, Youssef Chahed, qui est un des fondateurs du Parti Al-Joumhouri avant de rejoindre Nidaa Tounes en tant que membre du bureau politique, a été proposé par le président tunisien pour diriger le gouvernement d'union nationale. Si les réseaux sociaux se sont quelque peu enflammés en Tunisie, car appréciant que le pouvoir ait opté pour un jeune à un poste de responsabilité aussi important, les avis sont très partagés au sein des formations politiques, dont certaines lui reprochent son manque... d'expérience. Des voix se sont élevées pour dénoncer des liens de parenté par alliance entre Béji Caïd Essebsi et Youssef Chahed. Il n'en demeure pas moins que le Président Béji Caïd Essebsi a surpris son monde en proposant lundi soir Youssef Chahed, le ministre des Affaires locales au sein du gouvernement sortant de Habib Essid, à la tête du futur gouvernement d'union nationale. Ce petit-fils de la première femme tunisienne députée, la militante Radhia Haddad, est né à Tunis le 18 septembre 1975. Il a suivi des études d'ingénieur agronome à l'Institut national agronomique de Tunis, avant d'intégrer l'Institut national agronomique Paris-Grignon en France où il obtient en 1999 un DEA en économie de l'environnement et ressources naturelles, et en 2003, un doctorat en agroéconomie portant sur l'impact de la libéralisation des échanges agricoles sur les pays méditerranéens. Professeur en d'agroéconomie à l'Institut supérieur d'agriculture en France de 2003 à 2009, Youssef Chahed a exercé de 2003 à 2015 en qualité d'expert international en agriculture et politiques agricoles auprès de nombreux organismes internationaux dont l'USDA et la Commission européenne. Son parcours politique se limite à sa participation à la fondation du parti Al-Joumhouri en 2012, après la révolution du 14 janvier 2011 qui a renversé le régime de Zine al-Abidine Ben Ali. Il a rejoint Nidaa Tounes en 2013, lorsqu'il a intégré directement le parti en qualité de membre du bureau exécutif chargé du programme politique de la campagne électorale présidentielle en 2014. L'un des premiers hommes politiques à réagir à la proposition de Béji Caïd Essebsi est le porte-parole du parti Al-Joumhouri, auquel appartenait Youssef Chahed, en l'occurrence Issam Chebbi, qui estime que le candidat n'a pas d'expérience politique car il n'a intégré la vie politique qu'après la révolution de 2011. Il a, par ailleurs, souligné que Nidaa Tounes n'est pas dans la meilleure des situations pour pouvoir imposer le nom du Chef du gouvernement d'union nationale de l'intérieur du parti, et que les neuf partis participant aux consultations autour de l'initiative présidentielle ne devraient pas être considérés comme "décor". Issam Chebbi pense qu'ils devraient proposer des candidats pour la présidence du gouvernement d'union nationale. D'ailleurs, les participants à la réunion de consultation du lundi sont appelés à présenter leurs propositions au président tunisien aujourd'hui. De son côté, Zouhaier Maghzaoui, le secrétaire général du mouvement Echaâb, a estimé que Youssef Chahed n'est pas la personne adéquate qui pourrait diriger cette étape, comme il a considéré que ce dernier fait partie d'un gouvernement qui n'a pas bénéficié du renouvellement de confiance. Il a précisé que son parti n'adhère pas à un chef de gouvernement membre d'un parti politique. La réaction la plus virulente est venue d'Adnen Manser, secrétaire général du mouvement Tounes Al-Irada, qui a écrit dans un statut publié sur Facebook : "Je propose à son Altesse le bey de nommer le reste de sa famille aux ministères de la Défense, de l'Intérieur et de la Justice", avant d'ajouter : "Quand les enfants et les gendres deviennent les seules personnes de confiance du Président, c'est qu'on est entré dans l'ère de la ferme heureuse." Merzak Tigrine