Les citoyens de la ville de Sidi-Aïch ont constaté, ces jours-ci, la mort massive et mystérieuse de poissons, survenue sur une portion de l'oued Soummam, situé à hauteur de l'entrée orientale du chef-lieu communal. Le spectacle est désastreux. Sur l'ancien pont de la ville, de nombreux citoyens scrutent les rejets de l'oued de centaines de poissons morts qui s'échouent sur la rive droite de la Soummam. Ce n'est pas la première fois que ce phénomène fait son apparition dans ce cours d'eau, pourtant classé zone humide à protéger par la convention de Ramsar. En effet, en 2014, l'alerte a été donnée sur ce crime écologique. Et selon les résultats d'analyses effectuées durant cette période par l'Observatoire national de l'environnement et du développement durable (ONDD), cette mort massive est due à "une concentration élevée de chlorure dans l'eau". "La teneur en chlorure est dix fois supérieure à la limite admise, soit une concentration de 8,5 grammes/litre contre une limite optimale tolérée de l'ordre de 0,6 gramme/litre", avait expliqué, à l'époque, le directeur de wilaya de l'environnement, Athmane Boussoufa, concluant que "la contamination en chlorure est vraisemblablement la cause de la mortalité des poissons". Le chlorure, a-t-il dit, étant "particulièrement irritant pour les ouïes, peut entraîner des troubles respiratoires et par conséquent la mort de ces espèces". M. Boussoufa n'exclut pas qu'il y ait eu, par ailleurs, un facteur aggravant, notamment "un manque d'oxygène dans l'eau, lui-même induit par la faiblesse du débit du cours d'eau", précisant, en tout état de cause, que la concentration inhabituelle du chlorure dans l'eau a été provoquée par "un déversement volontaire ou accidentel de produits chlorés dans le plan d'eau", sans en identifier l'auteur potentiel. Depuis ce temps, rien n'a bougé et même le P/APC de la ville de Sidi-Aïch a soutenu n'être destinataire "d'aucun rapport ni résultat d'enquête sur cette affaire". C'est dire que depuis 2014, des milliers de poissons continuent de mourir impunément sans que les autorités arrivent à situer les responsabilités. "Nous assistons à un véritable crime écologique", nous a avoué, hier, un membre de l'association Ecologie de Sidi-Aïch. Les observateurs s'interrogent : "Où sont passés les inspecteurs de l'environnement. Pourtant, ils ont déclaré que des sanctions rigoureuses seront appliquées au pollueur avéré." À noter que, hier, nous avons constaté sur site la mort subite de nombreux poissons dont des barbeaux, des carpes et des anguilles. A. HAMMOUCHE