La disparition, depuis près de 15 jours, de la petite Nihal Si Mohand, âgée de 4 ans, a plongé la population algérienne dans l'effroi. Hier, nous avons tenté à maintes reprises de joindre, par téléphone, la commissaire divisionnaire de police, chef de bureau de protection de l'enfance et de la délinquance juvénile, à la DGSN, Kheïra Messaoudène, pour faire le point sur cette disparition mais aussi sur les dernières statistiques sur les enlèvements d'enfants. En vain. Un "plan alerte enlèvement" a été annoncé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui avait promis, après l'assassinat de 2 enfants kidnappés à Constantine, en 2013, la mise en place d'une série de mesures "rapides" contre les enlèvements d'enfants, précisant que l'action de son gouvernement sera articulée "autour de la sensibilisation, de la prévention et du traitement judiciaire ‘ferme' et ‘rapide' contre les auteurs de ces crimes". Quant au ministre de la Justice, Tayeb Louh, il avait appelé, il y a quelques mois, à éviter "l'alarmisme médiatique", affirmant que de telles affaires sont traitées avec "toute l'efficacité requise, dès l'étape des investigations". Mais, que disent les chiffres sur le phénomène d'enlèvements ? Les statistiques révèlent que ces 10 dernières années, plus d'un millier d'enfants ont été kidnappés, en Algérie. Pour 2013, des sources font état de plus de 200 cas de rapt d'enfants à travers le pays, alors que d'autres avancent le chiffre de 150 enlèvements, dont les 2 enfants de Constantine. Pour 2014, quelque 195 enlèvements d'enfants auraient été enregistrés, contre plus de 25 cas en 2015, selon des médias, et seulement 15 enfants kidnappés, selon M. Louh. Concernant les disparitions d'enfants retrouvés morts, le directeur de la Police judiciaire en personne, Kara Bouhadba, avait avancé le chiffre de 11 enfants, entre 2003 et 2013. D'après lui, tous les cas d'enlèvements d'enfants "ont été élucidés", à l'exception du kidnapping d'un enfant de 10 ans à Mascara (en 2007) et l'assassinat d'un enfant à Sétif (en 2012). Autre précision, la DGSN distingue entre les disparitions et les enlèvements, ces derniers étant commis par des "réseaux criminels". D'où la mise en place d'un service spécial pour la protection des enfants à la DGSN. Lors des rencontres publiques, la commissaire divisionnaire de police a révélé que la majorité des cas d'enlèvements d'enfants est motivée par "la vengeance pour une raison ou une autre, par des personnes proches du milieu des enfants enlevés". Avec la promulgation de la loi du 28 juillet 2015 sur la protection de l'enfant, un "plan alerte enlèvement" devait voir le jour incessamment pour une intervention rapide. A-t-il été mis en place ? Hafida Ameyar