À travers son bureau de la wilaya de Tizi Ouzou, le Rassemblement national démocratique (RND) a condamné "avec rigueur et fermeté" le "lâche et odieux" assassinat de la petite Nihal Si Mohand, dans une déclaration rendue publique samedi. Signée par le député et néanmoins secrétaire du bureau de wilaya, Tayeb Mokadem, la déclaration se veut d'abord un appel pressant envers les autorités compétentes pour sévir "sévèrement" contre les coupables. "Nous conjurons avec insistance et détermination l'autorité supérieure de bien vouloir faire toute la lumière sur ce crime crapuleux et l'exhortons de traduire en justice le ou les criminel(s) ayant commis cet acte sauvage, en les punissant très sévèrement, de manière à ce que de tels faits ne se reproduisent plus dans notre société." Car pour le RND de Tizi Ouzou, "les kidnappeurs assassins d'enfants ne doivent mériter aucune pitié de la part de nos dirigeants, qui sont implorés à leur tour, d'agir avec célérité pour éradiquer ce phénomène qui déroge aux lois humaines et qui transgresse l'essence même de notre religion". Et par "punir sévèrement" et agir "sans aucune pitié", Tayeb Mokadem entend carrément le rétablissement de la peine de mort, une condamnation qui continue d'être prononcée par les tribunaux algériens, mais qui n'est pas appliquée depuis que l'Algérie a ratifié le moratoire de 1993. "Devant les ignominies et la sauvagerie atteinte des dernières décennies en matière de criminalité, notamment à l'encontre des enfants, nos institutions sont conjurées de décréter la peine de mort", est-il revendiqué dans la déclaration du RND. En fait, le bureau de wilaya de Tizi Ouzou ne fait qu'exprimer une position maintes fois affichée par la direction du Rassemblement, plus particulièrement par son actuel secrétaire général, Ahmed Ouyahia. En novembre 2012, dans un meeting à Tizi Ouzou, Ahmed Ouyahia avait déjà appelé pour la levée du gel de l'application de la peine de mort, dans un contexte où les kidnappings faisaient rage dans la région de Kabylie. Le SG du RND avait précisément demandé à exclure du moratoire les personnes impliquées dans les kidnappings, les détournements de deniers publics et le trafic de drogue. En clair, le rétablissement pur et simple de la peine de mort, puisqu'il suffit d'une exécution pour que le moratoire soit nul et non avenu. Le RND est ainsi le premier parti politique "non islamiste" à revendiquer publiquement la réinstauration de la peine de mort au lendemain de l'assassinat de la petite Nihal, un drame qui relance décidément le débat sur la question. Les partis démocrates, qui avaient pendant longtemps bataillé pour l'abolition de cette peine, observent le silence et évitent pour le moment de prendre part au débat qui est surtout mené sur les réseaux sociaux. Contrairement à eux, les partis islamistes sont plutôt connus pour être favorables à son application, donc sa réinstauration, puisqu'il s'agit d'un châtiment prévu par la "charia", la loi islamique. Pour rappel, le président Abdelaziz Bouteflika avait soutenu dans son discours en 2003, à Bruxelles, devant le Parlement européen, qu'il était "personnellement favorable à l'abolition de la peine de mort", et qu'il attendait que "le contexte du terrorisme se termine pour l'appliquer" en Algérie. Mehdi Mehenni