Les ravisseurs d'enfants ont encore sévi durant le premier semestre de l'année en cours. Onze mineurs, âgés entre 40 jours et 15 ans, ont été enlevés et assassinés en 4 mois, selon les statistiques de la police. Si le phénomène de la pédophilie est à l'origine de la majorité des cas traités, des enfants ont été égorgés, découpés et brûlés dans des règlements de compte et conflits familiaux et conjugaux. La psychose est de retour après la confirmation de la mort tragique de la petite Nihal, disparue depuis le 21 juillet devant le domicile de ses grands-parents maternels à Tizi Ouzou. La région a été auparavant secouée par des kidnappings d'hommes d'affaires et d'industriels. Les ravisseurs demandaient des rançons. Le phénomène a connu un net recul ces quatre dernières années suite aux opérations menées par les unités de l'ANP ayant permis le démantèlement de groupes terroristes et la neutralisation des chefs terroristes dont Abdelmalek Gouri alias Khaled Abou Soleymane, le chef de Jund El Khalifah, considéré comme le cerveau des kidnappings dans la région de Boumerdès et en Kabylie. L'affaire de la petite Nihal est la première du genre dans la wilaya de Tizi Ouzou. Le procureur près le tribunal des Ouacifs n'a pas donné de détails sur sa mort tragique. Selon les premiers éléments de l'enquête qui est toujours en cours, la petite a été retrouvée décapitée et brûlée à l'esprit de sel, selon les analyses de son crâne. Les enquêteurs avaient découvert des ossements humains et pas de corps en état de décomposition, non loin du lieu de la disparition ainsi que sa robe tachée de sang, retrouvée par un berger. Assassinés par leurs propres pères L'auteur serait proche de la famille, sinon comment peut-on trouver des objets de la victime dans des droits ratissés suite à une vaste opération de recherches, s'interrogent les villageois qui n'écartent pas l'implication d'une personne de l'entourage familial. Des sources concordantes locales ont évoqué l'implication de deux individus dont une femme, une proche de la famille, qui auraient agi par « vengeance » la veille de la fête du mariage d'un des oncles maternels de la petite. Du côté de la GN, les investigations sont toujours en cours. Des perquisitions ont été effectuées par les enquêteurs du groupement de la gendarmerie de wilaya aux domiciles des proches de la victime et des membres de sa famille auditionnés. Selon les enquêtes des services de sécurité, dans le cas d'un kidnapping suivi d'assassinat, les ravisseurs sont, dans la plupart du temps, des proches ou des personnes qui évoluent dans l'environnement immédiat de la victime. Le responsable du bureau de la lutte contre la délinquance juvénile et la protection des mineurs de la DGSN a signalé que des proches sont de plus en plus impliqués dans ces meurtres. Deux infanticides ont été traités le mois de mai dernier. A Oued Souf, un père a tué ses deux jumeaux, des nouveau-nés, suite à une dispute avec son épouse. La wilaya d'El Oued a été secouée, en 2014, par un crime crapuleux quand une maman a tué ses trois enfants. En deux ans, six enfants (Sondous à Draria, Mehdi à Ghardaïa, Abderrahim à Sétif, Adem et Hawa à El Oued, Hocine à Mila, un garçon de 5 ans à Kouba) ont été assassinés suite à des conflits conjugaux. L'enlèvement d'enfant est souvent suivi de viol. Selon les statistiques de la police, 11 mineurs ont été assassinés en 4 mois. Il s'agit notamment de l'enfant Miloud, violé et assassiné à Sidi Bel-Abbès par quatre de ses voisins. Son cadavre a été retrouvé ligoté et emballé dans un sac en plastique. Le plan « Alerte enlèvement » activé pour la première fois Le plan « alerte enlèvement », annoncé par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, suite à l'assassinat de deux enfants Haroun et Brahim, à Constantine, en 2013, a été activé pour la première fois dans l'affaire de la petite Nihal. « L'enquête menée pour retrouver la fillette Nihal Si Mohand, 4 ans, disparue dans le village d'Ath Ali, commune d'Ath Toudert (Tizi Ouzou), a été élargie dans le cadre du plan d'alerte qui consiste à utiliser tous les moyens y compris les médias », avait déclaré le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh. Par ailleurs, la confirmation de la mort tragique de la petite Nihal a fait exploser les réseaux sociaux. Les internautes ont réitéré l'appel à l'application de la peine de mort contre les assassins d'enfant. « La peine de mort doit être rétablie dans les cas d'enlèvement, d'agression sexuelle et d'assassinat d'enfant », ont-ils plaidé. D'autres ont appelé à une marche nationale pacifique pour dénoncer cette forme de criminalité qui touche les enfants.