À travers cette action de protestation de deux jours, aujourd'hui et demain, ils entendent obtenir de la part des pouvoirs publics une hausse de leur marge bénéficiaire. Les boulangers entameront leur grève générale nationale de deux jours aujourd'hui. Ils ont décidé de maintenir leur mot d'ordre en dépit de l'appel du gouvernement, encore un autre, les exhortant à faire preuve de sagesse et favoriser l'esprit du dialogue. Le comité national des boulangers (CNB) semble être échaudé par les fausses promesses de l'exécutif lors des précédentes étapes de dialogue. Dans un communiqué, le CNB déclare qu'en l'absence de tout contact direct avec les autorités publiques, la cellule centrale de crise, chargée du suivi du mouvement de protestation, informe l'ensemble des boulangers que la grève est maintenue. Le CNB estime que la sagesse, à laquelle il a recouru précédemment, ne doit pas être prouvée à chaque fois par les boulangers d'une manière unilatérale. Le communiqué rendu public, jeudi, par les services du chef du gouvernement, indiquant que l'état garantit la fourniture de la farine sans aucune hausse de ce produit, n'a pu convaincre les représentants syndicaux des boulangers. “Le communiqué du gouvernement n'apporte rien de nouveau”, déplorent les boulangers. à ce propos, le CNB, par la bouche de son SG, M. Benabdesslam, avoue que les portes du dialogue auquel appelle l'exécutif sont, au contraire, fermées depuis le 4 juillet lorsque le ministre du commerce a affirmé le maintien des prix du pain et reconnu les revendications des boulangers. Mais, rien n'a été fait depuis. Dans son communiqué, le gouvernement regrette la position du CNB et souligne qu'aucune grève ne changera sa décision de refus d'augmenter les prix du pain, ce produit important dans la consommation des citoyens. Cet avis est, en revanche, pleinement partagé par les boulangers qui n'ont, à aucun moment, revendiqué une hausse des prix. “Nous revendiquons nos droits les plus légitimes sans passer par la solution de la hausse des prix du pain. Les autorités publiques doivent trouver des solutions et autres mécanismes pour régler cette crise. Nous demandons seulement nos marges bénéficiaires, une revendication reconnue par le ministère du commerce. Ainsi, les boulangers seront satisfaits et les prix du pain maintenus”, précisera M. Benabdesslam. Par ailleurs, le CNB n'est point inquiété par la menace du gouvernement liée au recours de tous les mécanismes de contrôle des boulangeries que confère la loi aux pouvoirs publics pour préserver les intérêts des consommateurs. Or, le comité s'interroge pourquoi l'exécutif a attendu cette période pour parler de contrôle. “Cela veut-il dire que les services chargés de ce contrôle n'ont pas accompli leur mission auparavant ?” se demande le SG. “Donnez-nous nos droits puis contrôlez-nous à votre guise”, ajoutera-t-il. Abordant la problématique, M. Benabdesslam estime que celle-ci ne doit pas se limiter seulement à l'approvisionnement en farine. Cette dernière n'est qu'un élément parmi tant d'autres intervenant dans la fabrication du pain. Pis, ce sont les privés seuls, dont les capacités dépassent de loin celles des Eriad, soutient le SG du CNB, qui approvisionnent suffisamment les boulangeries en farine. Le gouvernement doit se pencher également sur les autres facteurs ayant trait à l'eau, le gaz, l'électricité, la levure… dont les prix ont connu une hausse importante ces dernières années. Le conseil avoue qu'en dépit des augmentations importantes qui ont ciblé les matières premières, les services, les charges fiscales et parafiscales, le prix du pain n'a subi aucun réajustement depuis 9 ans. Le SG du CNB n'hésite pas à parler de “manque de volonté de la part des autorités pour le règlement définitif, juste et équitable des revendications légitimes formulées par la corporation”. Les boulangers, relève le CNB, ne peuvent plus continuer indéfiniment à supporter à eux seuls ces lourdes charges. Devant le maintien d'un tel mot d'ordre, faut-il s'attendre aujourd'hui et demain à l'absence de la baguette de pain dans les boulangeries ? Car, les syndicalistes ont précisé que le service minimum touchera uniquement le secteur de la santé, notamment les hôpitaux et autres structures sanitaires. B. K.