Est-ce un échec ou juste un manque de conviction? Le mouvement de grève de deux jours auquel avait appelé le Comité national des boulangers, affilié à l'Ugcaa (Union générale des commerçants et artisans algériens) n'a pas eu l'écho escompté au niveau de la capitale. En effet, la plupart des boulangers n'ont pas baissé rideau. Une aubaine pour les consommateurs qui se sont précipités, tôt le matin pour s'approvisionner de cet important produit, aliment de base des ménages algériens. Après donc des tergiversations ayant duré plus d'une année, les boulangers ont pris enfin leur décision finale. Pour la catégorie voulant manifester sa colère à travers la fermeture de leurs boulangeries, cette grève intervient suite aux fortes augmentations des prix des produits entrant dans la fabrication du pain. Ce qui fait que la marge bénéficiaire des fabricants du pain devient insuffisante. Rencontré devant son local , situé à la rue Larbi Ben M'Hidi, ce boulanger qui a répondu au mot d'ordre de grève lancé par le syndicat, nous exprime que cet appel à la grève est une mesure nécessaire pour remédier à cette situation. «Toutes les tentatives de dialogue et de négociations entamés depuis plus d'une année avec les autorités publiques pour obtenir nos droits légitimes légalement formulés, n'ont abouti à aucune solution juste et adéquate» déclare par ailleurs cet interlocuteur qui ajoute que la plupart de ses confrères sont décidés à aller jusqu'au bout de leur action pour faire valoir leurs revendications légitimes et défendre leur droit d'accéder à la possibilité de garantir leur marge bénéficiaire. Toutefois, le discours rassurant du gouvernement a eu l'effet escompté chez la plupart des boulangers qui n'ont pas répondu à l'appel lancé par le Comité national des boulangers. Au cours de notre tournée à Alger, nous avons été surpris par l'ouverture de plusieurs boulangeries et pâtisseries qui ont assuré leur service aux citoyens. A la rue Belouizdad, la situation semble presque normale. Informés de cette grève les consommateurs se sont approvisionnés pour deux jours. «Nous sommes loin d'être convaincus que cette action de grève mettra définitivement un terme au conflit existant déjà depuis 1996. Ainsi nous devons attendre les promesses du gouvernement indiquant une prise en charge sérieuse de notre situation et réviser à la même occasion nos revendications», nous déclare un boulanger qui ajoute par contre, qu'il a eu la visite des adhérents du syndicat pour les sensibiliser et lui recommander de répondre à l'appel de grève. Devant le désistement de certains boulangers qui ont préféré prendre un recul face au conflit existant entre le syndicat des boulangers et le gouvernement, peut-on dire que le mouvement de grève a été un échec?