Le mot d'ordre de grève de deux jours décrété samedi dans le secteur de la boulangerie a connu un taux de participation de plus de 90%, selon l'évaluation du Comité national des boulangers. Les représentants de cette organisation ont ainsi affirmé que le débrayage auquel ils ont appelé, il y a une dizaine de jours, a connu une large adhésion des boulangers à travers l'ensemble des wilayas du pays. La corporation des boulangers, dont la principale exigence porte sur son droit à une marge bénéficiaire, n'écarte guère la possibilité de relancer son action de protestation dans le cas où les pouvoirs publics ne se décideraient pas à prendre en charge ses revendications. « Jusque-là, affirmera le secrétaire général de ce comité, M. Benabdesslam, nous n'avons reçu aucune proposition concrète de la part des autorités pour relancer les négociations. » Toutefois, a-t-il ajouté, « nous gardons encore l'espoir de voir le gouvernement favoriser la voie du dialogue pour aboutir à un compromis qui puisse satisfaire toutes les parties ». Tenus de vendre la baguette de pain de 250 g à un prix réglementé par le décret d'avril 1996 à 7,5 DA, les boulangers se plaignent, rappelle-t-on, de n'être guère en mesure de rentabiliser leur activité. « Tel que nous l'avons calculé l'année dernière, le prix de revient réel de la baguette de pain se situe à plus de 11,95 DA », estimera en ce sens M. Benabdesslam. Et d'expliquer : « Les charges de gestion et les prix des produits de base nécessaires à la panification ont beaucoup augmenté depuis 1996, tandis que le prix du pain est resté au même niveau. Ces coûts que supportent les boulangers ont connu de nouvelles hausses en janvier dernier suite, notamment, à l'augmentation du prix du gasoil dont se servent plus de 80% des boulangeries. » En somme, a-t-il conclu, « les professionnels de la panification ne peuvent plus continuer à supporter la facture à eux seuls et c'est aux pouvoirs publics qu'il revient de trouver des solutions pour résorber cette crise ». Ainsi, alors que l'éventualité d'un recours à un réajustement du prix du pain semble être définitivement écartée, reste à savoir quelles mesures pourrait proposer le gouvernement pour calmer la colère des boulangers.