Au regard des estimations du Comité national des boulangers et pâtissiers, la grève de deux jours entamée hier dans le secteur de la boulangerie a connu une très forte participation à travers l'ensemble des wilayas du pays. « Le mot d'ordre de grève que nous avons décrété, il y a une dizaine de jours, a été observé par plus de 80% des boulangers à travers l'ensemble du territoire national », a affirmé le secrétaire général du Comité des boulangers, M. Benabdesslam. Selon l'évaluation que le bureau exécutif de cette organisation a avancée hier, à Alger comme à Oran et à Constantine, le taux de suivi de ce mouvement de débrayage, qui devra se poursuivre aujourd'hui, « a déjà atteint plus de 85% ». En l'absence de toute démarche concrète de dialogue avec les instances compétentes, les boulangers semblent ainsi décidés à aller jusqu'au bout de leur mobilisation. Celles-ci s'articulent en substance autour de la possibilité de préserver leur droit à une marge bénéficiaire. Sans aller jusqu'à exiger explicitement une révision à la hausse du prix du pain ordinaire, le comité des boulangers soutient néanmoins que le prix actuel de la baguette de 250 g, tel que fixé par le décret d'avril 1996 à 7,5 DA, ne permet guère aux boulangers de rentrer dans leurs frais. « Puisque, estimera M. Benabdesslam, les pouvoirs publics ont décidé de fermer la porte à toute possibilité de révision du prix du pain, c'est à eux qu'il revient de trouver d'autres solutions pour régler la crise que connaît actuellement le secteur de la boulangerie ». Il convient de rappeler que dans un communiqué, rendu public jeudi, le gouvernement a formulé une sorte de mise en garde à l'adresse de cette corporation : « Aucune grève ne changera sa position de refus d'augmentation du prix du pain. » Tout en appelant les boulangers à « faire preuve de sagesse », en favorisant « l'esprit du dialogue », le gouvernement a averti qu'il n'hésitera pas à « user de tous les mécanismes de contrôle que confère la loi pour préserver les intérêts des consommateurs ». En dépit de ces mises en garde, les grévistes du secteur de la boulangerie n'ont pas fait volte-face. « La menace du gouvernement d'user de tous les mécanismes de contrôle ne nous fait pas peur », nous a signifié M. Benabdesslam. « Les boulangers, avait-il tenu à préciser, ont de tout temps été contrôlés et l'on ne peut que s'étonner de voir le gouvernement se plaire à attendre que les gens réclament leurs droits pour menacer de les soumettre au contrôle. » Bien que les problèmes d'approvisionnement des boulangeries en farine ne soient plus à l'ordre du jour, les professionnels de la panification continuent à estimer que le prix de vente public de la baguette de pain demeure nettement inférieur à son prix de revient. A ce propos, signifiera M. Benabdesslam, « les boulangers n'arrivent plus à préserver leur rentabilité ». Depuis 1996, ajoutera-t-il, « les prix des différents produits de base, comme la levure et le sel, ont connu de multiples augmentations, alors que le prix de la baguette ordinaire de 250 g reste toujours le même ».