Des entrepreneurs craignent qu'à ce rythme, ils soient "obligés de recourir aux licenciements" car, disent-ils, "outre le manque de plan de charge, nos factures ne sont pas honorées à temps". Les effets de la politique d'austérité se font déjà ressentir. Après le gel de projets et les coupes budgétaires, la crise affecte même les "en-cours de réalisation", particulièrement dans le secteur de la construction, pourtant budgétisés, faute de disponibilités financières dans les trésoreries locales. Ils ne parlent plus de pénurie de ciment ou des augmentations vertigineuses des prix des matériaux de construction et encore moins de l'absence d'un plan de charge suite au gel des projets. Les entrepreneurs évoquent aujourd'hui une situation plus grave. Le crédit de paiement dans les trésoreries se font au compte-goutte. La Confédération générale du patronat de la wilaya de Boumerdès et de nombreuses entreprises au niveau national se plaignent, depuis quelques mois, de leurs factures rejetées par les trésoriers pour des prétextes parfois non convaincants, voire insidieux. "En réalité, c'est l'insuffisance de crédits de paiement dans les trésoreries qui est à l'origine d'une telle situation", affirme la confédération de Boumerdès dans un communiqué. Cette dernière cite l'exemple de cette entreprise de bâtiment dont la facture de plusieurs milliards de centimes a été rejetée pour la simple raison qu'un PV de réception provisoire n'a pas été signé par le directeur de l'exécutif de la wilaya. "Or, ces documents ont, de tout le temps, été signés par les représentants des directions", affirme le président de la confédération. "On trouve n'importe quel motif pour rejeter une situation, mais on ne vous dira jamais que les crédits sont insuffisants, plafonnés ou libérés au compte-goutte", ajoute-t-il. Certaines entreprises ont été contraintes d'ester en justice les maîtres d'ouvrage pour non-paiement de factures comme cet entrepreneur qui réclame à la Direction de l'équipement un montant de 7 milliards de centimes ou encore un autre qui doit à la direction de l'urbanisme un ontant de 1,9 milliard de centimes. "L'autorisation du programme existe, les CP (crédits de paiement) aussi, les factures sont visées par le contrôleur financier, par les services techniques, le PV de réception provisoire est, lui aussi, signé, rien ne manque mais l'argent n'est pas débloqué", affirme un entrepreneur. De nombreuses entreprises en charge de projets d'utilité publique sont confrontées au même problème, affirme M. Bentoura, président de la Confédération générale du patronat de Boumerdès. "Nous avons adressé une lettre à Mme le wali de Boumerdès pour lui demander des éclaircissements suite au non-paiement de ces factures car certaines entreprises n'ont plus le moyen de tenir et certains chefs d'entreprise n'ont même pas les moyens de nourrir leur propre famille. Qu'en est-il des centaines de travailleurs qu'ils emploient restés sans salaires depuis des mois ?", s'interroge M. Bentoura. En outre, de nombreux chantiers d'établissements scolaires et autres projets publics risquent d'êtres stoppés faute de paiement des factures. "Une entreprise doit achever un CEM à Si Mustapha dont la date d'ouverture est prévue dans un mois, mais cela risque de prendre encore des mois si la situation reste en l'état", avertit un autre membre de la fédération du patronat. Cette situation n'est pas propre à la wilaya de Boumerdès car les entreprises éprouvent les mêmes difficultés dans d'autres wilayas, précise-t-il encore. "Nous sommes obligés de licencier nos employés si, en plus du manque de plan de charge, nos factures ne sont pas honorées à temps pour des motifs infondés", conclut-il. M. T.