Les patrons des PME/PMI activant dans les secteurs du bâtiment, travaux publics et de l'hydraulique (BTPH) s'inquiètent de plus en plus de l'avenir de leur entreprise. En sus des retards de paiement et l'inadéquation de la réglementation, certains entrepreneurs voient d'un mauvais œil la décision des pouvoir publics d'industrialiser le secteur du bâtiment pour accélérer le rythme de réalisation des programmes de logement. C'est dire que la réunion ayant regroupé, le 30 septembre dernier à Alger, les responsables de la tutelle et les différents intervenants du secteur pour discuter des grandes lignes de cette stratégie, n'a pas fait que des heureux. «Cette nouvelle politique des pouvoirs publics risque de provoquer la faillite de centaines de PMI/PME. Pour le moment seules 82 entreprises à l'échelle nationale ont déposé leurs dossiers pour se lancer dans l'industrialisation des articles et matériaux entrant dans la fabrication du logement», indique M. Bentoura, président de la Confédération générale du patronat des entreprises du BRPH de Boumerdès. Pour lui, ce nouveau processus, qui vise à éviter les retards dans la concrétisation des programmes d'habitat, doit se faire par filière. «Nous sommes d'accord pour l'industrialisation des gros œuvres uniquement, et ce, afin de préserver les petits métiers et les milliers de postes d'emploi du secteur», a-t-il souligné en se demandant où sont passées les anciennes entreprises publiques du bâtiment, telles que DNC et Sonatiba. Outre ce problème, M. Bentoura précise que les entreprises nationales n'ont pas eu droit aux mêmes avantages que les sociétés étrangères, notamment en ce qui concerne l'acquisition de matières premières et la tarification du prix d'un mètre carré de béton. Sur un autre chapitre, notre interlocuteur note que plus de 300 entreprises, basées dans la wilaya de Boumerdès, n'ont pas perçu les situations financières des travaux complémentaires engagés durant ces deux dernières années à cause de l'ambiguïté de la note n°568 du ministère des Finances datée du 9 octobre 2013. Cette note relative aux modalités et conditions de conclusion des avenants est diversement interprétée par les services concernés au niveau local. «On nous a dit que l'on ne sera pas payé et ce bien que le code des marchés publics autorise d'engager des dépenses complémentaires en cas de besoin», déplore M. Mezali, un autre représentant des entrepreneurs de la région. Selon lui, cette note reste à l'origine du blocage et la non-réception de nombreux projets de développement. «Est-il normal ne pas ouvrir un établissement scolaire achevé mais non raccordé au réseau d'AEP et attendre le lancement d'une consultation pour l'installation des conduites d'eau alors qu'il y a une entreprise sur le chantier qui peut exécuter tous les travaux qui lui seront demandés par le maître d'ouvrage ?» s'interroge-t-il ajoutant que des centaines de chantiers tardent à être livrés à l'échelle nationale à cause du même problème. Un autre entrepreneur, lui, s'est plaint du manque de main-d'œuvre et de la complexité des procédures d'octroi des crédits bancaires pour ceux qui en demandent. «Les banques nous exigent d'hypothéquer quelque chose même pour les crédits sollicités pour la réalisation des projets qui nous sont confiés par l'Etat», regrette-t-il.