L'espoir d'une éventuelle augmentation de l'allocation touristique est définitivement enterré avec pour argument : la crise économique. L'Algérien qui perçoit aujourd'hui 115 euros en guise de change annuel pour ses voyages a droit, pourtant, à cette humiliation depuis de longues années, crise ou pas. Une aberration que personne n'arrive à justifier ou à comprendre à plus forte raison que nos voisins tunisiens perçoivent 3 000 euros et les Marocains 3 500 euros. L'augmentation de l'allocation a pourtant été évoquée en 2013 pour une revalorisation qui avoisinerait les 500 euros au minimum. Une piste vite évacuée sans aucune explication pour refaire surface en 2015 au temps de Laksaci à la tête de la Banque d'Algérie, et subir le même sort. Il se trouve que la désillusion risque, cette fois-ci, de perdurer au grand dam des Algériens qui sont contraints à recourir au marché parallèle pour s'alimenter en devises avec l'euro qui a flambé d'une manière incroyable (+ de 180 DA pour 1 euro). Les professionnels des voyages sont, pour leur part, clairs sur le sujet : "Il y va de la dignité de l'Algérien, en plus ça lui fera des économies conséquentes. Si l'allocation est revue à la hausse, cela permettra aux Algériens de payer leur séjour beaucoup moins cher (environ 70% de réduction) et, de facto, voyager plus souvent." Ils insistent : "Les voyages seront à la portée de tous les Algériens, et cela sera bénéfique pour toutes les parties. Partir en voyage à la découverte du monde est un bon moyen de s'aérer l'esprit, de côtoyer d'autres cultures. Cela est considéré comme un loisir, mais tout le monde sait que ça aide à forger une personnalité. Ne dit-on pas que le voyage, c'est la meilleure école de la vie ?" Les responsables des agences de voyages reconnaissent, par ailleurs, que "la revalorisation de l'allocation touristique leur assurera, inéluctablement, une meilleure rentabilité et participera surtout à mieux organiser l'activité et son fonctionnement dans une plus grande transparence et dans la... légalité". Lyès Kerrar, expert financier : "Il est incompréhensible de laisser une telle situation perdurer" "Les Algériens devraient avoir accès normalement à des devises pour voyager, pour se soigner et pour étudier. C'est même incohérent de ne pas le permettre", nous a déclaré l'expert financier Lyès Kerrar. Sollicité pour se prononcer sur la question, notre interlocuteur, au fait de la situation économique du pays, persiste et signe : "Les raisonnements qui poussent à faire croire que les allocations, actuellement d'un montant ridiculement bas, permettent d'économiser des sorties de devises sont erronés. Les gens vont sur le marché informel pour satisfaire les besoins les plus légitimes tant le change annuel est dérisoire. Il faut savoir aussi que les devises du marché informel viennent, d'une manière ou d'une autre, de nos réserves de change ou de nos exportations d'hydrocarbures. Cela fait longtemps que le marché informel n'est plus en grande partie alimenté par nos ressortissants établis à l'étranger." Lyès Kerrar va plus dans son analyse, et soutient : "Permettre aux gens d'accéder librement aux devises pour voyager, se soigner ou étudier est une bonne chose car ça remet de la moralité dans nos comportements. Ce n'est pas bien d'amener les gens à faire des choses illégales juste pour des besoins légitimes. Ça affecte notre système de valeurs et désacralise la loi." Nabila Saïdoun