Après l'avoir annoncé devant le juge du tribunal de Sidi M'hamed, mercredi dernier à l'occasion du troisième procès reporté de leur client, les avocats d'Ali Boumbar, ancien P-DG de la compagnie nationale de navigation (Cnan), officialisent leur retrait de la défense de leur mandant. Dans un communiqué rendu public hier, les avocats concernés, à savoir Me Miloud Brahimi, Me Djamel Belloula et Me Khaled Bourayou, ont tenu à expliquer que cette décision "mûrement réfléchie", répond, en partie, au vœu exprimé par leur client. Elle procède, explique-t-il en effet, de "l'intime conviction de ses conseils, selon laquelle tous les efforts déployés depuis son incarcération le 12 mars 2012 n'ont pu aboutir à son élargissement à cause du refus catégorique infligé aux 28 demandes de liberté provisoire". Le collectif de défense désormais déconstitué, regrette qu'aucune décision de fond ne soit rendue lors des trois procès programmés, alors que M. Boumbar purge son 54e mois de détention préventive. Rien que ça ! "Âgé de 70 ans, et de surcroît atteint de plusieurs maladies, Ali Boumbar est en train de dépérir en prison", déplorent les trois avocats pour lesquels "les suppléments d'information qui ont sanctionné les deux premiers procès sont la preuve flagrante que le dossier est vide". La demande de deux suppléments d'information constitue, du reste, selon les mêmes avocats, un fait inédit dans les annales de la justice algérienne. Confiée au pôle pénal spécialisé, rappellent les avocats dans leur communiqué, l'information judiciaire, qui aura duré près de 30 mois, a "épuisé toutes les pistes et moyens d'investigation en passant vainement par la tentative de criminalisation des faits et la consommation de toutes les voies de recours". La demande du procureur de la République tendant à criminaliser la tristement célèbre "affaire Boumbar", avait, faut-il le rappeler, fait l'objet, le 20 novembre 2014, d'un rejet au niveau de la Cour suprême. "Les résultats auxquels ont abouti ces procédures d'information attestent qu'Ali Boumbar n'est ni un terroriste, ni un voleur, encore moins un corrompu", regrettent encore ses avocats. D'où leur jugement que la détention de leur client est "illégale parce qu'elle est contraire à la loi" et "arbitraire, parce qu'elle est injuste". Voilà ce qui les a poussés à se retirer de la défense de leur mandant. Au regard de ces considérations de fait et de droit, les avocats d'Ali Boumbar estiment que la défense "n'a plus sa raison d'être dans une procédure pénale, qui se caractérise aujourd'hui par la dissipation des droits fondamentaux de leur mandant" et qui ne se justifie, selon eux, que par la volonté de maintenir ce dernier en prison. Farid Abdeladim