L'affaire de l'ex-président-directeur général de la CNAN, la Compagnie nationale algérienne de la navigation, Ali Boumbar, prend une nouvelle tournure : ses trois avocats, à savoir Miloud Brahimi, Khaled Bourayou et Djamel Belloula ont annoncé, hier, en effet, leur décision de se «retirer de la défense de (notre) mandant». Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Dans un communiqué commun, le trio d'avocats explique sa décision, qui, en fait, intervient en guise de protestation. «Cette décision murement réfléchie, écrivent-ils d'emblée, procède de l'intime conviction de ses conseils, selon laquelle tous les efforts déployés depuis l'incarcération de leur client le 12 mars 2012 n'ont pu aboutir à son élargissement à cause du refus catégorique infligé aux 28 demandes de liberté provisoire». La toute dernière de ces demandes remontant au mercredi 24 août dernier, lors du procès, le troisième, de l'ex-P-dg de la CNAN que le tribunal de Sidi M'hamed à Alger reportera au 21 septembre. Ses avocats, qui ont, en tout, fait 28 demandes de liberté provisoire, toutes rejetées, sont visiblement excédés. «Agé de 70 ans et de surcroît atteint de plusieurs maladies, Ali Boumbar est en train de dépérir en prison. Il purge son 54e mois de détention préventive.» Au cours du procès de mercredi dernier, Me Miloud Brahimi ira même jusqu'à dire, selon des comptes-rendus de presse : «Je n'ai jamais vu cela. On ne peut pas imaginer qu'une affaire soit clôturée au niveau de l'instruction sans qu'on ait tous les éléments. Cela veut dire que vous (le juge, Ndlr) avez une conscience. Vous avez refusé de le condamner sur la base de ce dossier. Nous sommes devant un dossier humiliant et scandaleux pour la justice algérienne.» Le communiqué du trio d'avocats explique encore les tenants et les aboutissants de cette affaire peu ordinaire. «Confiée au Pôle pénal spécialisé, l'information judiciaire, qui aura duré près de 30 mois, a épuisé toutes les pistes et moyens d'investigation en passant vainement par la tentative de criminalisation des faits et la consommation de toutes les voies de recours.» Catégoriques, les avocats l'affirment sans ambages : «Les résultats auxquels ont abouti ces procédures d'information attestent que Ali Boumbar n'est ni un terroriste, ni un voleur, encore moins un corrompu.» Aussi, «sa détention (de Ali Boumbar, Ndlr) est illégale parce qu'elle est contraire à la loi. Elle est arbitraire parce qu'elle est injuste». En sus de cette détention de leur client qui dure toujours, le trio d'avocats dénonce le déroulement de toute cette affaire et, au-delà, le fonctionnement de la justice en ce cas d'espèce. «Au regard de ces considérations de faits et de droit, poursuit le communiqué, le collectif des avocats de Ali Boumbar estime qu'il n'a plus sa raison d'être dans une procédure pénale, qui se caractérise aujourd'hui par la dissipation des droits fondamentaux de leur mandant et qui ne se justifie que par le maintien de ce dernier en prison». Pourtant, comme le rappelait Me Miloud Brahimi mercredi dernier, une série de réformes ont récemment été opérées, tant par la Constitution qu'en Conseil des ministres, et qui concernent, tout à la fois, la détention préventive que l'acte de gestion, désormais décriminalisé par la loi.