La rivalité entre l'Arabie saoudite et l'Iran risque de plomber la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) prévue à Alger fin septembre. Jusqu'à il y a quelques jours, les marchés tablaient sur une entente sur le gel de la production. L'optimisme des marchés s'est accentué lorsque que l'Iran a annoncé qu'il participerait à la réunion d'Alger. Au printemps, l'échec d'une réunion de même type avait largement été attribué au refus de l'Iran, qui faisait son retour sur le marché mondial à la suite de la levée de sanctions internationales de participer à un gel de la production. Vendredi, les espoirs des marchés ont été contrariés par les déclarations des responsables du pétrole saoudien et iranien. "L'Iran va coopérer avec l'Opep pour améliorer les prix du pétrole et la situation sur le marché", a assuré le ministre iranien cité par le site Mizan Online. Il a, toutefois, souligné "le droit de son pays à récupérer les pertes" liées aux sanctions, en évoquant "les sacrifices consentis" par son pays. L'Iran insiste pour récupérer sa part de marché du brut. "L'Iran n'a aucune responsabilité dans l'instabilité du marché pétrolier, et après la levée des sanctions, nous cherchons à récupérer notre part de marché", a indiqué, vendredi, son ministre du Pétrole, Bijan Zanganeh, cité par l'agence de presse Shana. L'Iran affirme avoir porté sa production à 3,85 millions de barils jour (mbj) contre 2,7 mbj avant l'accord nucléaire de 2015. De son côté, le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, a déclaré à un média qu'il ne croit pas qu'une intervention importante soit nécessaire. "Je ne préconise certainement pas une baisse" de production, mais, a-t-il ajouté, "un gel signifie que tout le monde est content du niveau du marché". Les investisseurs pétroliers ont passé une semaine hésitante à scruter tous les signes venus de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. "Il ne faudrait pas trop en attendre (...) comme l'a assez clairement laissé entendre le ministre saoudien du Pétrole, (Khalid) al-Falih, hier", ont prévenu, dans une note, les experts de Commerzbank. "Il ne juge pas nécessaire d'intervenir de façon conséquente sur le marché et souhaite plutôt laisser la loi de l'offre et de la demande faire son œuvre", ont-ils rapporté. "Il a aussi déclaré qu'il n'y avait eu aucune discussion sur un gel de la production au sein de l'Opep." Loin de fermer les robinets, l'Arabie saoudite a augmenté sa production depuis le début de l'année. Celle-ci atteignait 10,6 millions de barils jour en juillet dernier. L'Iran suit la même trajectoire haussière avec 3,6 millions de barils pompés en juillet. La production des 14 pays membres de l'Opep a augmenté, selon des sources secondaires, de 33,11 millions de barils par jour en juillet 2016, contre 33,059 millions de barils par jour en juin de la même année. Cette augmentation provient essentiellement de l'Iran, de l'Irak et de l'Arabie saoudite. S'appuyant sur des sources secondaires, le rapport de l'Opep indique que l'Algérie aurait produit 1,087 million de barils jour en juillet 2016, soit le même niveau qu'au mois de juin. Sur la base de la communication directe, l'Algérie affirme avoir produit 1,145 million de barils jour en juillet dernier contre 1,104 million de barils jour le mois d'avant. Le prix du pétrole algérien Sahara Blend a perdu 3,68 dollars entre juin et juillet 2016. Il est passé de 48,98 dollars le baril en juin à 45,30 dollars le baril en juillet 2016. L'Opep table sur un prix moyen du baril du Sahara Blend de 41,32 dollars en 2016 contre 57,84 dollars le baril en 2015. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 49,49 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en repli de 18 cents par rapport à la clôture de jeudi. Meziane Rabhi