La décélération de la croissance hors hydrocarbures l'année dernière est associée à une baisse du produit intérieur brut (PIB) en valeurs courantes. L'Office national des statistiques (Ons) vient de publier les comptes économiques en volume de la période 2000 à 2015. Le document indique que l'économie algérienne a réalisé en 2015 une croissance de 3,8%, soit le même rythme de croissance qu'en 2014, mais plus important que celui enregistré en 2013 (2,8%). Malgré cette stagnation en termes de rythme de croissance, l'ONS note que les profils des années 2015 et 2014 sont différents. "En effet, en 2015, on enregistre pour la première fois depuis 2006 une croissance positive dans le secteur des hydrocarbures et un recul de la croissance hors hydrocarbures", souligne l'Ons. La décélération de la croissance hors hydrocarbures est associée à une baisse du produit intérieur brut (PIB) en valeurs courantes. Ainsi, le PIB nominal passe de 17 242,5 milliards de dinars en 2014 à 16 591,9 milliards de dinars en 2015, soit une baisse en valeurs courantes de 3,8%. Par tête d'habitant (PIB per capita), le PIB passe de 5 474,3 dollars en 2014 à 4 132,6 dollars en 2015. Selon l'Ons, le secteur des hydrocarbures enregistre enfin une reprise d'activité, timide, certes, mais qui rompt avec le cycle dépressif dans lequel il était engagé depuis 2006. La croissance désormais positive du secteur des hydrocarbures intervient dans un contexte de forte baisse des prix du pétrole et conduit ainsi à une baisse de la valeur ajoutée du secteur généré de près de 33% en 2015, après celles de 2014 (plus de 6%) et (plus de 10%) en 2013. Avec une croissance de 6,4% en 2015 par rapport à 2014, le secteur agricole renoue avec des performances appréciables, particulièrement après la forte décélération enregistrée en 2014, considérée comme la performance la plus basse des cinq dernières années. En 2015, le secteur industriel enregistre de nouveau des taux de croissance positifs (4,3% en volume), et semble avoir rompu avec la forte dépression qui l'avait caractérisé. Cependant, il faut relever que les taux de croissance de l'industrie sont encore très irréguliers et que la part de l'industrie dans le PIB ne représente que 5,4%. Concernant le secteur du BTPH (bâtiment, travaux publics et hydraulique), en 2015, la dynamique engagée dès 2012 semble avoir été rompue, puisque le secteur ne croît qu'à un taux de 4,9%. En effet, après la temporaire et relative pause effectuée en 2011 (5,2%) par le secteur du BTPH, ce dernier avait repris son dynamisme en 2012 avec un taux d'accroissement en termes réels de 8,6%. En 2014, ce taux était encore appréciable, mais moindre avec un taux de croissance des activités du BTPH par rapport à 2013 évalué à 6,9%. L'Ons constate également un fléchissement du secteur des services marchands. L'Office rappelle que ce secteur a réalisé une croissance moyenne annuelle de 7,3% sur la période 2000-2012. En 2013 et 2014, cette dynamique n'est pas remise en cause puisque le secteur affiche des taux de croissance respectifs de 8,5% et 8,1%, mais en 2015, cette tendance semble s'infléchir, puisque le taux de croissance enregistré n'est que de 5,3%. Cette décélération est pour l'essentiel due à la contraction des importations de marchandises. Il faut rappeler que ce secteur d'activité représente 27,4% du PIB en 2015 et s'affirme comme un important contributeur à la croissance globale. L'Ons relève, par ailleurs, la consommation finale totale, composée de la consommation finale des ménages, et celle des administrations publiques évolue à un taux de croissance de 2,1% en 2015 contre 3,2% en 2014 et 3,4% en 2013. Cette dernière est tirée par la consommation des ménages qui évolue à un taux de 3,9% en 2015, alors que celle des administrations publiques connaît un taux de croissance négatif de 1,1%. La consommation finale des ménages (CFM) est en recul par rapport à l'année 2014 (4,4%). Les ménages ont réduit effectivement leur consommation en 2015 et sont de plus en plus confrontés à des problèmes d'arbitrage entre l'investissement, notamment en logement et la consommation. "Les prix en 2015, après la brève halte de 2014, repartent à la hausse et le déflateur de la consommation des ménages en 2015 s'établit à 5,3% contre 4% en 2014", relève l'ONS. Meziane Rabhi