La répétition générale avant la réception importante du Cameroun, le 9 octobre prochain pour le compte du coup d'envoi des éliminatoires du Mondial 2018, a finalement viré en une véritable balade de santé contre le Lesotho qui n'a même pas eu la décence de déplacer en Algérie son équipe A. Par rapport à l'équipe qui a déjà mordu la poussière au match aller à Maseru (1-3), seuls quatre éléments ont été maintenus, le reste puisé de l'équipe espoirs. Du coup, l'EN version Rajevac a souffert d'un manque d'adversité flagrant, les Basotho étant trop loin du compte à tout point de vue. En revanche, cette formalité n'est pas dénuée d'importance dans la mesure où elle a permis au nouveau coach national de mettre en place son dispositif tactique et de tester ses choix. Milovan Rajevac a opté pour un système tactique en 4-2-3-1. Le technicien serbe est revenu à ce titre à une défense classique avec quatre joueurs, à savoir Zeffane, Ghoulam, Medjani, Belkaroui. Le forfait de Mandi a donné lieu à une telle configuration mais on ne sait pas si Rajevac reconduira ce quatuor contre le Cameroun, sachant que Mandi paraît intouchable dans le compartiment défensif, que ce soit dans l'axe ou sur le couloir droit. Qui donc de Zeffane ou Belkaroui fera les frais du retour de Mandi ? Plus de sentinelle, place au pourvoyeur de ballons Une question à laquelle Rajevac n'a pas répondu lors du point de presse d'après-match, laissant planer le doute. "Nous avons des joueurs blessés, et ne croyez pas que l'équipe qui a été alignée aujourd'hui est sûre de jouer contre le Cameroun. Il faudra bien analyser le match à tête froide et faire des choix justes. Quant à Medjani, je ne sais pas encore à quel poste il sera utilisé", dit-il dans un discours qui cache une ruse certaine. Cependant, une chose est sûre, Medjani ne servira pas, du moins contre le Cameroun, de sentinelle au milieu du terrain, comme ce fut le cas avec Gourcuff et Halilhodzic. Rajevac a en effet clairement choisi de doter son milieu défensif de deux relayeurs et pourvoyeurs de balles, en l'occurrence Bentaleb et Taïder. À eux deux, ils constituent le premier rideau, le premier rempart mais pas seulement ! Rajevac donne aussi à Bentaleb et Taïder la responsabilité du jeu, dans le sens que c'est à eux de venir récupérer le ballon des pieds des défenseurs et le distiller vers l'avant à travers des passes courtes et précises. Il a banni presque, du coup, le jeu long et direct qui ne sied pas à la sélection algérienne et permet au quatuor de l'attaque Mahrez, Boudebouz, Slimani et Soudani de rôder dans la zone de l'adversaire et de créer surtout le danger grâce à leur vélocité et leur force de percussion et de ne pas descendre trop bas. Avec Rajevac, le jeu de l'EN se construit à partir du compartiment défensif : le nouveau patron des Fennecs montre clairement que son ambition est de prendre les rênes du jeu contre le Cameroun à son compte afin de mieux l'acculer.
La responsabilité du jeu oui, mais... Mais cette option-là a-t-elle donné pleine satisfaction ? Là aussi, Rajevac reste évasif pour des raisons évidentes. "J'ai changé le système tactique, mais je garde les conclusions pour moi, même si je suis globalement satisfait de notre jeu", répond-il vaguement. Cependant, Rajevac s'est sûrement aperçu des quelques pertes de balle de Bentaleb dans des zones sensibles. Des erreurs similaires seront payées cash contre des joueurs de l'envergure de ceux du Cameroun, d'où la nécessité de recadrer Bentaleb et l'amener à faire preuve d'une meilleur concentration dans le jeu. S'il est vrai que la meilleure façon de dominer l'adversaire, c'est de le priver de ballons, il faudra surtout faire attention à ce que la velléité de prendre les rênes de jeu ne soit pas "impulsive", voire aléatoire. La précision de la transmission du ballon est à ce titre vitale, sinon vaut mieux s'abstenir. Devant le duo Bentaleb-Taïder, Mahrez et Boudebouz ont remis une bonne copie. Les deux techniciens racés ont varié le jeu, tantôt dans les intervalles, en profondeur et sur les côtés, faisant impliquer à maintes reprises les deux défenseurs Ghoulam et Zeffane, même si le couloir gauche a été plus sollicité. L'apport de Zeffane en attaque demeure insuffisant. C'est une vieille faille dans le jeu des Verts que Rajevac doit combler. Entre Boudebouz et Brahimi, Rajevac doit trancher ! En revanche, la force de pénétration de Boudebouz, Mahrez et Ghoulam a donné lieu à une multitude de fautes au profit des Verts dans des zones dangereuses, d'où les trois buts inscrits sur coup franc (2) et penalty. C'est assurément l'une des forces fatales des Algériens que le coach du Cameroun va sans doute tenter de contrer, mais face à des techniciens pareils, il sera difficile aux Camerounais d'éviter les fautes à l'approche de leur surface de vérité. Avec des nettoyeurs de lucarnes de la trempe de Mahrez, Taïder ou encore Boudebouz, les Verts peuvent gagner des matches, sans être forcés d'arriver dans la zone du gardien adverse. Une zone où les Algériens ne sont pas dépourvus d'arguments avec un Slimani toujours aussi dangereux, même s'il n'a pas marqué cette fois-ci de but, et un Soudani toujours placé au bon endroit, en attendant le retour de Feghouli dont l'apport constitue une plus-value nette pour la sélection algérienne. Dans l'animation du jeu, Boudebouz a marqué des points, Rajevac n'a d'ailleurs pas tari d'éloges en fin de match sur le meneur de jeu de Montpellier, mais il a tenu aussi à rappeler qu'il aura également besoin de Brahimi contre le Cameroun. Entre les deux, Rajevac doit trancher... SAMIR LAMARI