Slimane Bouhafs, Sétifien de confession chrétienne, vient d'être condamné, dans un procès en appel, à trois années de prison ferme par la cour de Sétif. Son tort : avoir publié sur sa page facebook un statut où il s'était attaqué, selon les termes de l'accusation, à l'islam et à son Prophète. Bouhafs n'est pas le seul à faire les frais de ses publications sur les réseaux sociaux. Depuis quelques années, la justice lorgne le Web où elle scrute la moindre publication "dérangeante". En effet, plusieurs blogueurs et internautes ont été déjà poursuivis, dont certains ont été condamnés, pour avoir exprimé une opinion sur le Net. En mai 2012, Tarek Mammeri, un jeune militant très actif sur Internet, a été condamné pour avoir appelé au boycott des élections législatives tenues durant la même année. Il avait posté des vidéos sur le Web, appelant les jeunes à ne pas se rendre aux urnes. Dès lors qu'il a exprimé une opinion qui n'agréait pas le pouvoir, la justice s'était mise en branle contre lui. Le procès qui lui a été intenté a provoqué l'ire des internautes et des associations de défense des droits de l'Homme. Le mois de juillet de la même année, on avait fait écho de l'arrestation de Saber Saïdi pour les mêmes motifs. L'inculpé était maintenu en détention pendant 11 jours. Présenté devant le procureur pour avoir partagé des vidéos jugées "trop politiques", il purgera plus de 9 mois de prison. Abdelghani Aloui, jeune blogueur de Tlemcen, était poursuivi pour outrage à corps constitué et atteinte à la personnalité du Président à travers des photomontages et des vidéos publiées sur son blog et sa page facebook. Zoulikha Belarbi, jeune militante des droits de l'Homme à Tlemcen, a été, elle aussi, poursuivie, en 2015, pour atteinte au chef de l'Etat, par la justice qui l'avait condamnée à trois mois de prison avec sursis et une amende de 50 000 DA. Son délit : avoir posté un photomontage du président Bouteflika dans un accoutrement de roi, entouré de certaines personnalités dont Abdelmalek Sellal, Amar Saâdani... Yacine Zaïd, Belkacem Khencha, Hassan Bouras, Abdelkader Kherba et plusieurs autres militants et autres activistes ont été arrêtés ou condamnés pour leurs publications sur les réseaux sociaux. Mohamed Tamalt, journaliste-blogueur a aussi fait les frais de ses publications sur les réseaux sociaux. La peine maximale a été retenue par la justice contre lui, et il purge une peine de deux ans. Actuellement très affaibli, le journaliste est aussi considéré comme l'une des victimes de l'acharnement de la justice. Indépendamment des opinions exprimées sur les réseaux sociaux, le pouvoir considère le Web comme un lieu de débats et d'informations qui n'obéit point à la logique de la censure, même si des tentatives d'y saborder l'accès ont été plusieurs fois signalées. Durant les révoltes du Printemps arabe, l'accès aux réseaux sociaux fut fortement perturbé par les autorités qui y voyaient un support de mobilisation efficace. Mohamed Mouloudj