"La dépolitisation profite au pouvoir, c'est lui qui l'a provoquée, entretenue et encouragée à travers sa propagande et ses lois. C'est pourquoi, nous nous adressons à toutes celles et à tous ceux qui veulent faire avancer la cause nationale, la cause du consensus, la cause démocratique pour s'impliquer dans les luttes. Notre parti leur est ouvert. Le combat sera long, le combat sera difficile, mais il en vaut la peine. Il y aura des étapes nécessaires." Même orphelin de son père fondateur, Hocine Aït Ahmed, le Front des forces socialistes (FFS) ne perd pas espoir de mener à bon port son projet de consensus national. À son université d'été qui vient de s'achever à Souk El-Tenine (Béjaïa), le FFS a remis au goût du jour cette "construction du consensus", mais sans en préciser les nouvelles étapes et encore moins se hasarder à avancer une quelconque date pour la tenue de la conférence qu'il projetait d'organiser. Lancée au courant de l'année 2014, l'idée de construction du consensus, déclinée comme un cadre pour "faire ensemble le bon diagnostic de la crise et de préconiser les mesures appropriées sur le plan constitutionnel, institutionnel, du développement économique et du progrès social (...)", selon ses initiateurs, devait aboutir, à l'issue d'une série de rencontres engagées par le parti avec nombre d'acteurs politiques, de l'opposition et du pouvoir, de syndicats, de personnalités et d'acteurs de la société civile dans un premier temps, à la tenue d'une conférence en février 2015. "L'initiative est de parvenir à définir ensemble un certain nombre de règles permettant un meilleur fonctionnement de l'Etat et des institutions acceptées et respectées par tous. Il s'agit aussi de définir ensemble les étapes, les instruments et les modalités pour mettre en place un système politique ouvert et édifier une République moderne à la fois, démocratique et sociale", avait expliqué auparavant le FFS. Mais cette conférence sera reportée sine die faute de... consensus. On ignore si les raisons étaient liées essentiellement aux conditions posées par les partis du pouvoir, notamment le RND et le FLN, ou si le projet n'avait pas été suffisamment maturé par le parti. Ou alors que des "parties", comme l'avait clairement affirmé, quelques semaines plus tard, le FFS, s'étaient employées à torpiller l'initiative. "Ce qui a été entrepris est considérable, le parti continue d'explorer les chemins du consensus ; cette démarche enregistre des avancées, mais rencontre aussi des obstacles et des résistances. Certaines déclarations ou certains commentaires médiatiques donnent, parfois, l'impression qu'il existe une unanimité contre le parti et son projet", avait admis l'ancien premier secrétaire, Mohamed Nebbou. Outre une année après cet aveu, force est d'admettre que le FFS peine à réunir "tout le monde" autour de cet objectif, pourtant si noble. Dans un contexte de crise économique, de crise de confiance, de dépolitisation, de délitement de la société, de perversion politique, d'absence de volonté politique chez le pouvoir, de la démocratisation, de la corruption, la construction du consensus national s'annonce assurément comme un défi laborieux pour le FFS. Un défi qui ne manquera pas aussi d'être contrarié par les prochaines échéances électorales. Karim K.