La crise s'est installée. Les finances de l'Etat perdent dangereusement de l'élan et l'exécutif devrait avoir fort à faire pour réfréner leur tendance baissière. Il ne s'agit pas là d'un simple coup de moins bien, la crise s'est installée comme le démontre cette litanie de chiffres élaborés par la banque d'Algérie et le Cnis. Ainsi, depuis le début de la baisse des prix du pétrole en juin 2014, les réserves de change de l'Algérie sont passées de 194 milliards de dollars en 2013 à 178 milliards en 2014 pour atteindre 143 milliards en 2015. Elles seraient tombées à 116 milliards de dollars au premier semestre de 2016. Quant aux exportations en valeur, en 2016, il faut s'attendre à une baisse continue, en raison d'une diminution importante des cours du pétrole par rapport à 2015. La balance commerciale n'envoie pas non plus de signaux rassurants, le déficit commercial du pays ayant atteint -11,93 milliards de dollars entre janvier et juillet 2016. Cela représente une hausse de +26,5 % par rapport au déficit de -9,43 milliards de dollars enregistré durant la même période en 2015. Une situation inéluctable ? Pour Souhil Meddah, expert financier, le pays tente actuellement de changer de paradigme, de s'inscrire dans une nouvelle politique où la fiscalité ordinaire aura un rôle crucial à jouer. La fiscalité ordinaire va progressivement se substituer à la fiscalité pétrolière, permettant d'élargir l'assiette fiscale globale, de compenser le faible niveau de l'épargne institutionnelle tirée principalement de la fiscalité pétrolière. Cela est, selon lui, possible par des mesures d'augmentation de taxes et d'intégration de plusieurs acteurs exerçant dans le secteur informel dans l'économie structurée. L'expert rappelle que l'épargne institutionnelle interne évolue à un rythme tel qu'il est indispensable d'élaborer de nouvelles mesure pour ménager, entre autres, le Fonds de régulation des recettes (FRR), une caisse en voie d'épuisement. Quant à l'épargne institutionnelle externe, elle tourne autour de 136 milliards de dollars (solde actuel) et de 116 milliards de dollars (solde prévu à la fin de l'année en cours). Souhil Meddah estime que, pour 2017, le modèle fiscal ne va pas vraiment changer et qu'il y aura incontestablement des augmentations pour soutenir les revenus budgétaires, avec sans doute la révision à la hausse de certaines taxes ainsi que l'insertion de nouvelles niches fiscales. S'y ajoutera une baisse du niveau de la dépense publique. À moyen terme, il est attendu que le pays passe à un nouveau modèle de croissance. Celui-ci nécessitera, selon lui, plusieurs mécanismes qui seront lancés "graduellement" à travers l'institution de "nouvelles taxes en ciblant d'autres niches fiscales, ainsi que l'éventuel basculement vers d'autres modes de financement", en se détachant progressivement de la dépense publique en équipement, et, d'autres modes de partenariat ( BOT...) et en faisant appel à plus d'épargne "institutionnelle" et "privée". Y. S.