Myriam Zeggat, Sneak, Ser Das ou encore El-Panchow ne sont que les quelques noms de cette nouvelle génération d'artistes, qui ont tenu à participer au projet El-Medreb, qui se tient jusqu'au 22 septembre à El-Hamma (Belcourt). Cette belle initiative a été lancée par le collectif Trans-Cultural Dialogues, afin de réhabiliter les lieux abandonnés, friches et patrimoine industriel d'El-Hamma. Certains artistes sont perchés sur des échafaudages, d'autres, pinceau à la main, réalisent des calligraffitis, un mélange entre calligraphie et graffitis. Tandis que des visiteurs déambulent, curieux, dans cet endroit désormais abandonné, et qui est devenu l'espace d'un instant un lieu où artistes, amateurs et habitants se côtoient, se rencontrent et échangent leurs avis sur l'art, l'avenir des lieux désaffectés d'Alger et le patrimoine industriel d'El-Hamma. L'étonnement est la première sensation que ressentent les visiteurs dès qu'ils franchissent le vieux portail de ce qui était autrefois un hangar de l'Etusa (ex-RSTA). Murs noircis, bâtisse sans toit... Mais ce lieu revit grâce à ces jeunes qui, durant neuf jours, lui redonneront une seconde vie : fresques murales, musique, ambiance bon enfant et une joie palpable qui anime tous les présents, artistes et visiteurs. Quelques mètres plus loin, dans un autre hangar devenu pour l'occasion une salle de projection, enfants et adultes se rassemblent pour voir des films comme Le voyage de Chihiro, ainsi que des productions cinématographiques algériennes comme Passage à niveau d'Anis Djaâd, Fi Rassi rond-point de Hassen Ferhani, mais aussi des tables rondes et des rencontres débats auxquels architectes, artistes et habitants prendront part. L'aventure El-Medreb (en argot algérois, endroit indéterminé et précis à la fois) a commencé lorsque le collectif Trans-Cultural Dialogues, composé de jeunes artistes, et qui a déjà travaillé sur le projet Djart'14 en 2014, a voulu faire revivre les espaces abandonnés et les faire redécouvrir au public. La jeune équipe, à la naissance du projet, voulait travailler sur le grand Alger et ses lieux abandonnés, mais faute de moyens humains, seule la région d'El- Hamma a été retenue. Ce choix s'est fait notamment grâce au tissu urbain complexe de la ville, son patrimoine industriel, l'accessibilité et les moyens de transport qui la desservent. Mais aussi pour son passé révolutionnaire, et les différentes phases par lesquelles est passée la ville et qui lui confèrent cet aspect et ce cachet uniques. Myriam Amroun, coordinatrice du projet, nous a confié que le choix de cette ville a d'autant été plus facile, qu'El-Hamma est actuellement en pleine mutation, en pleine transition, où passé et présent se côtoient, s'entremêlent. Par exemple, de nombreux hôtels vont voir le jour, tandis que les lieux délabrés, comme celui où se tient la manifestation, seront très prochainement démolis. Mais c'est surtout l'envie de rapprocher l'art et les habitants des quartiers populaires algérois que les organisateurs et les artistes tiennent tout d'abord à mettre en avant. Ramener l'art à l'habitant, lui permettre de le découvrir et de l'apprécier, lui faire oublier ne serait-ce qu'un moment ses soucis. Notre interlocutrice nous a confié à ce propos que "ce projet met surtout l'art et la culture à portée de main, parce que les gens ne répondent pas forcément favorablement quand ils entendent parler de musées, d'expositions... Je pense que si l'on se donnait les moyens et le courage d'approcher ces quartiers-là, de faire en sorte que ces gens-là aient accès à l'art, la culture, je crois qu'il y aurait moins de problèmes sociaux". Yasmine Azzouz