"L'équation n'est pas facile", a reconnu Noureddine Bouterfa, hier, sur les ondes de la Chaîne III, assurant toutefois qu'"il y a des décisions qui se dessinent". En marge du 15e Forum international de l'énergie organisé du 26 au 28 septembre prochains à Alger, se tiendra, le dernier jour, une réunion informelle de pays membres de l'Opep, sur laquelle mise beaucoup l'Algérie. D'intenses tractations sont menées depuis quelques jours pour transformer cette rencontre informelle en une réunion extraordinaire de l'Opep devant aboutir sur une décision qui influera sur les prix du pétrole. Hier, sur les ondes de la Chaîne III, le ministre de l'Energie, Noureddine Bouterfa, n'a pas caché la volonté des autorités algériennes d'œuvrer pour voir ce conclave se solder par une décision consensuelle des membres de l'Opep, mais également par les pays hors cette organisation. "C'est une équation difficile, car si les pays de l'Opep prennent seuls la décision de la réduction de l'offre de pétrole, les pays non-Opep peuvent la substituer", a déclaré le ministre. "Il faut arriver à convaincre qu'avec un prix du baril de moins de 50 dollars, on ne peut pas assurer l'approvisionnement du marché à long et moyen termes. C'est une question de responsabilité, si on veut éviter un autre choc pétrolier, d'ici deux à trois ans, que le monde ne pourra pas supporter", ajoute Noureddine Bouterfa. Le ministre pense que l'Opep qui représente un tiers de la production mondiale de pétrole, reste un acteur déterminant pour stabiliser ce secteur. "La relance économique mondiale étant très molle, elle ne facilite pas le développement de la production. Ce qui, à terme, va perturber le marché par une non-disponibilité de l'offre et ça c'est aussi une préoccupation des pays consommateurs." Un gel de la production du pétrole est-il possible dans l'immédiat ? Le ministre de l'Energie se dit optimiste : "Nous travaillons pour obtenir ce résultat. Nous avons vu par le passé des décisions prises à une heure d'une rencontre. Les tractations sont très difficiles mais la responsabilité peut l'emporter. L'Algérie a de très bonnes relations avec l'ensemble des membres de l'Opep. Ce qui lui permet de jouer le rôle d'intermédiaire entre eux." Pour arriver à un prix oscillant entre 50 et 60 dollars le baril, il faut équilibrer le marché, selon lui, à près d'un million de barils/jour. "C'est la moindre des décisions", considère le ministre. Or, la croissance mondiale est estimée actuellement à 1,2 million de barils/jour, ajouté à un excédent de la production autour d'un million de barils/jour. "Si on continue comme cela, on va accroître simplement les stocks. Or, l'accroissement des stocks n'est bon pour personne. Mais geler à quel niveau, quand on sait que l'Opep dépasse les 33 millions de barils/jour ? Le tout est de trouver un accord équitablement réparti et supporté par les pays. Il faut contenter les membres de l'Opep et non-Opep. L'équation n'est pas facile, mais il y a des décisions qui se dessinent et des contacts bilatéraux entre les pays." Même dans le cas d'un accord, entre membres et non-membres de l'Opep résultant de la rencontre d'Alger, il n'y aura pas, soutient le ministre, un impact immédiat sur les prix du pétrole. "La réduction du stock va prendre du temps et dépendra de l'offre qui sera faite et de la demande mondiale." Concernant les divergences entre l'Iran et l'Arabie saoudite, Noureddine Bouterfa affirme que le pays "va mettre de côté cet aspect-là. C'est notre position". Il rappelle que ces deux pays sont membres fondateurs de l'Opep qui ont eu, par le passé, à surmonter des crises. "Je ne m'attarde pas sur le débat politique des membres de l'Opep. Ce n'est pas le but de l'Organisation qui est apolitique." Il explique dans ce sens que la plupart des pays membres de l'Opep sont au maximum de leur production. Si un accord est conclu, il sera temporaire avec pour objectif à court terme de geler la production, de réduire les stocks et de stabiliser le marché pétrolier. Un challenge reste ouvert : celui de la part des marchés qui sera tranché ultérieurement. N. H.